L’Assemblée nationale a approuvé lundi une motion de rejet contre la proposition de loi concernant l’immigration. En conséquence, le camp de gauche se réjouit de cette décision. Cependant, il est possible que la loi, lorsqu’elle sera présentée devant la commission mixte paritaire, soit adoptée avec des mesures plus sévères.
Le Rassemblement national se sert de la crise actuelle pour appeler à une dissolution, tandis que Les Républicains haussent les enchères, ce qui fait s’interroger sur le fait que la gauche soit le plus grand perdant du vote pour rejeter l’examen du texte sur l’immigration, le lundi 11 décembre. En effet, afin de faire progresser sa proposition de loi, le gouvernement décide de faire appel à une commission mixte paritaire. Cette commission, majoritairement de droite, pourrait rendre le texte encore plus sévère, ce qui est à l’opposé de ce que souhaitait la Nupes.
Un député de gauche avait anticipé ce scénario. L’écologiste Delphine Batho est la seule de son camp à avoir voté contre le rejet de la motion : « Il fallait prendre en compte le risque, à savoir le retour au texte du Sénat, un véritable spectacle d’horreurs avec la suppression de l’aide médicale d’État, la remise en cause du droit du sol. Cette conséquence possible, elle était prévisible lors du vote qui a eu lieu lundi. Pour moi, c’est une erreur politique. »
Mais pour les autres, comme son confrère du groupe écologiste Benjamin Lucas, à l’origine de la motion de rejet du projet de loi immigration, il fallait éviter à tout prix un débat qui pourrait faire monter la xénophobie en France. « Tout d’abord, rien ne garantit que le texte aurait été moins dur après deux semaines de débat pendant lesquelles le ministre de l’Intérieur aurait fait des concessions à la droite. Nous voulions le rejet du texte parce que c’est un texte néfaste, rédigé pour de mauvaises raisons, qui est extrêmement dur et brutal. Ce n’est pas un jeu. »
« Il n’y aura pas de nouvelle majorité » après le passage en CMP
Même si le texte se renforce en commission mixte paritaire, il n’aura aucune chance lors du vote final dans l’hémicycle, selon Eric Coquerel, membre du parti La France Insoumise : « À ce moment-là, il n’y aura pas de majorité pour voter un texte plus à droite. Ce ne sera pas forcément la même majorité qui le refusera, peut-être que certains militants de Macron le refuseront, et je pense qu’il n’y aura pas plus de majorité pour le soutenir. » La gauche se prépare donc à rejeter de nouveau le texte qui pourrait résulter de la commission mixte paritaire et demande son retrait définitif.