Le parti du Rassemblement national est en première ligne des prévisions pour les élections européennes. La stratégie de stigmatisation utilisée contre ce parti politique de droite extrême ne semble plus produire l’effet escompté, et l’inquiétude se propage de manière significative en prévision des prochaines élections présidentielles.
Comment lutter efficacement contre le Rassemblement National (RN) ? Telle est la préoccupation majeure de la majorité présidentielle. Suite à sa visite à Crépol lundi, lieu du meurtre du jeune Thomas, Olivier Véran a été marqué par le propos d’un citoyen. Ce dernier avait autrefois voté pour Jacques Chirac « contraint et forcé » en 2002 contre Jean-Marie Le Pen mais est aujourd’hui résolu, malgré ses regrets, à voter pour Marine Le Pen.
Face à l’essor du vote RN, certains acteurs politiques se sentent déroutés, à l’image de ce parlementaire qui se dit « à bout de ressources pour dissuader les citoyens de voter RN, ils sont irréprochables sur tous les sujets ». Une illustration récente est la dénonciation par le RN des manifestations d’extrême droite, source de préoccupation pour le gouvernement, dans le cadre de sa politique de « respectabilisation ».
Ainsi, la majorité déploie tous les moyens pour combattre l’extrême droite. Olivier Véran poursuit son déplacement dans les communes soumises au RN. Le vendredi 1er décembre, il sera à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, territoire de Marine Le Pen. En compagnie de son homologue ministre de l’Industrie, Roland Lescure, ils visiteront une usine pour démontrer qu’aucune région n’est négligée. Mais un législateur de la majorité questionne l’impact réel de cette tournée en se demandant « combien de votes cela peut-il changer ? ». Il n’est pas non plus convaincu par l’approche d’Éric Dupond-Moretti. Le mardi 28 novembre à l’Assemblée, le ministre de la Justice a appelé le RN à exclure de ses rangs les « identitaires », « nazillons », « racistes » et « antisémites ». Des partisans de Macron estiment qu’il est « crucial » de continuer à stigmatiser le RN tandis que d’autres pensent que « ça ne donne plus de résultats ».
Renaissance travaille sur une « chronique noire » du RN
Après son élection en 2017, Emmanuel Macron avait affirmé qu’il ferait « tout pour que les électeurs n’aient plus à recourir aux extrêmes ». Les macronistes insistent donc sur la nécessité d’obtenir des « résultats » pour déstabiliser Marine Le Pen, des résultats tous azimuts : sécurité, immigration, déserts médicaux, services publics… Une parlementaire admet une erreur fondamentale : « l’erreur originelle du macronisme, c’est de croire que quelques points de croissance peuvent tout résoudre, alors qu’un plein-emploi ne suffirait pas à entraver une victoire de Le Pen », déclare-t-elle.
La majorité s’emploie aussi à décrédibiliser le « bilan » du RN. Un député Modem les taxe « d’amateurisme » à l’Assemblée. Un proche d’Édouard Philippe se penche sur les maires RN : « sont-ils efficaces ou pas ? On ne peut lutter qu’en démontrant leur impréparation » affirme-t-il. La majorité travaille par ailleurs sur une « chronique noire » du RN à Bruxelles, qui sera publiée pendant la campagne européenne. Devant l’inquiétude pour 2027, à la question de savoir qui ils préféreraient voir candidat parmi les choix possibles, beaucoup de macronistes répondent : « celui qui garantit de vaincre Marine Le Pen ».