Malgré l’affichage des mésententes au sein de la majorité au pouvoir concernant la loi sur l’immigration, celle-ci s’emploie, contre vents et marées, à la mise en place des élections européennes.
Le parti politique de Macron maintient son agenda, comme si tout était normal. Un conseil exécutif spécial sur le thème des élections européennes, organisé par le mouvement Renaissance, est prévu pour la soirée du jeudi 21 décembre. En préparation de cet événement, une réunion entre Stéphane Séjourné, François Bayrou et Édouard Philippe a eu lieu mercredi. Lors de cet échange, ils ont discuté pour la première fois du vote prévu le 9 juin 2024. Les trois leaders de partis ont défini quelques principes majeurs : éviter de débuter la campagne trop tôt afin de ne pas engager de dépenses superflues tant que le peuple français n’a pas les élections européennes en tête. Ils envisagent néanmoins de passer de la phase de précampagne à celle de campagne d’ici la fin janvier, en se rendant sur le terrain et en se montrant actifs sur les réseaux sociaux pour parler de l’Europe.
On nous fait part d’un « échange détendu comme dans un café »,. Leur staff se chargera des détails logistiques. Les trois leaders politiques ont volontairement écarté les sujets sensibles, comme la répartition des places de chaque parti sur la liste. « Il est préférable de ne pas créer de divisions en ce moment », insiste un membre influent du MoDem, les derniers événements ayant déjà été assez difficiles pour la majorité. La question du candidat tête de liste a été abordée. Stéphane Séjourné, très souvent cité comme le « candidat incontestable et adéquat », convoite cette place. Cependant, aucune autre proposition de candidature n’a été avancée par François Bayrou et Édouard Philippe, malgré certaines rumeurs selon lesquelles des membres de la majorité se questionnent sur si c’est « le bon candidat compte tenu du contexte politique ».
Le but : inverser la tendance
Les sondages ne sont pas en faveur du parti macroniste : les scores tournent autour de 20%, parfois 21%, voire 18%, mais toujours avec une marge de 8 à 10 points derrière Jordan Bardella. « Le RN a atteint son maximum et va baisser, tandis que nous, on est à notre niveau le plus bas », se rassure un dirigeant de Renaissance. « On va subir une très lourde défaite », redoute en revanche un proche d’Édouard Philippe.
Il y a des interrogations concernant l’impact que pourrait avoir le tumulte autour de la loi immigration. Ce climat pourrait-il pousser des électeurs de centre-gauche à se tourner vers la liste PS de Raphaël Glucksmann ? « Il est peu connu en dehors de Paris », critiquent des macronistes, mais un ministre avertit : « S’il mène une bonne campagne, il peut atteindre les 15% ». Et si, inversement, il y avait un risque de fuite des voix vers… LR ? C’est la crainte d’un élu Horizons, car « la majorité semble ne pas assumer la loi immigration ». « Nous ne devons pas avoir honte de cette loi », insiste un dirigeant de Renaissance, « l’opinion publique est de notre côté ». Pourtant, certains ne souhaitent qu’une chose : « mettre fin à ce débat toxique ».