Le Musée National de la Marine, qui vient tout juste de rouvrir ses portes, a décidé d’évoquer dans sa toute première exposition temporaire l’histoire longue et continue de la romance passionnée entre la mer et le cinéma.
A Paris, le célèbre Musée national de la Marine qui a réouvert récemment ses portes, après avoir été en rénovation pour quelques années, accueille sa première exposition temporaire. Cette exposition, dédiée à la thématique du cinéma maritime, a lieu du 13 décembre 2023 au 5 mai 2024.
L’exposition intitulée « Objectif mer, l’océan filmé », créée en étroite collaboration avec la Cinémathèque française, invite les visiteurs à découvrir plus de 300 œuvres. On y retrouve les premières lanternes magiques, des esquisses de Mélies, une multitude d’affiches, les costumes originaux des acteurs de Titanic, et même la tête en carton du requin du film « Les Dents de la mer ». Ces objets symbolisent l’évolution de la représentation de la mer au cinéma, un thème présent depuis les origines du 7e art.
Vincent Bouat-Ferlier, qui est à la fois conservateur général du patrimoine et commissaire de l’exposition, souligne que la mer a largement inspiré le cinéma dès ses débuts. Il estime même que c’est une des sources d’inspiration primordiales de ce medium. Cette thématique est cependant complexe à couvrir en raison de son importance dans l’histoire du cinéma, ajoute Laurent Mannoni, co-commissaire et directeur scientifique du patrimoine de la Cinémathèque française.
Du zootrope à la chronophotographie
Le cinéma, depuis le XVIe siècle, a souvent pris la mer comme sujet pour les lanternes magiques et les premiers jouets d’optique, souligne Vincent Bouat-Ferlier. Pour la plupart des gens de l’époque, la mer était considérée comme étant hors de portée et mystérieuse. Ces premiers spectacles ont permis à beaucoup de découvrir cet univers. Des bandes pour zootropes, des laques pour lanternes magiques et divers autres objets et dispositifs d’animation d’images sont exposés dans une première section.
Le travail des frères Lumière, figure emblématique du cinéma inspiré par les océans, est également mis en avant. Par la suite, le cinéma est rapidement devenu un outil d’exploration et d’étude des océans, en parallèle avec l’évolution des technologies. Des avancées comme la photosphère des frères Williamson, première invention permettant de filmer sous l’eau, et le scaphandre autonome de Cousteau, sont présentées.
Représentations de naufrages, des pirates et des tempêtes
Les nombreuses affiches de cinéma présentées démontrent la présence récurrente de la mer dans le 7e art, souvent dans un contexte dramatique. L’image de la mer hostile, peuplée de pirates, de tempêtes et de personnages psychotiques à bord des navires, est quasi systématique. Laurent Mannoni, d’une note d’humour, défie quiconque de trouver des films où la mer est présentée de manière positive.
La tendance à mettre en scène des huis-clos dans l’immensité de l’océan est fréquente, et Vincent Bouat-Ferlier propose l’image d’une « prison flottante ». Cette approche est toujours d’actualité dans le cinéma contemporain avec des films comme Titanic ou Les dents de la mer. L’exposition expose des pièces uniques comme la caméra Arriflex utilisée pour filmer le Titanic sous l’eau, ainsi que les costumes originaux des deux protagonistes du film.
« Objectif mer : La quête de préservation d’un univers en dégradation rapide »
L’exposition se conclut par un hommage à Jacques Perrin, un fervent défenseur des mers, qui a lui aussi fait preuve d’innovation technique pour explorer et magnifier les océans. Les visiteurs pourront notamment voir la fameuse torpille hydrodynamique, développée pour le tournage de son film Océans, qui a permis de filmer de manière inédite les animaux marins. Vincent Bouat-Ferlier conclut en soulignant l’importance cruciale de préserver un univers océanique dont l’état se dégrade rapidement, et qui demeure encore largement méconnu.
Exposition « Objectif mer : l’océan filmé », visible au Musée de la Marine du 13 décembre 2023 au 5 mai 2024