« Mon équipe était représentée à hauteur de 97% », affirme le leader des parlementaires Renaissance à la Chambre des députés. De son point de vue, ce refus n’est qu’une tentative « de déstabiliser le gouvernement ».
Le député Renaissance Sylvain Maillard était convaincu qu’il n’y aurait pas de majorité pour voter une motion de rejet déposée par des écologistes concernant le projet de loi sur l’immigration. Mais à sa grande surprise, la situation a évolué dans une direction totalement différente quelques heures plus tard. Le 11 décembre, 270 députés ont voté pour et 265 contre. En conséquence, la proposition législative de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a été rejetée avant même d’être discutée à l’Assemblée nationale. Un tel événement est sans précédent depuis un quart de siècle.
Pour empêcher tout cela, Matignon avait demandé aux ministres d’annuler leurs déplacements afin que l’Assemblée soit au complet. Cependant, neuf députés du camp présidentiel étaient absents lors du vote de la motion de rejet. Sylvain Maillard, député de Paris et président du groupe Renaissance à l’Assemblée, a insisté sur le fait qu’il n’y avait « pas de chasse aux sorcières », lors de son intervention le 12 décembre sur France Inter.
Le désaccord a été tranché avec une marge de cinq voix
Neuf députés manquaient à l’appel sur les bancs de la majorité alors que l’écart était de seulement cinq voix. Sylvain Maillard a souligné que « 97% de mon groupe était présent ». Il a ajouté que « depuis six ans et demi que nous sommes en responsabilité, jamais autant de députés n’étaient présents pour un vote particulier ». Il a expliqué sur France Inter que certains députés absents « avaient des rendez-vous médicaux », sans donner plus de détails.
Sylvain Maillard voit une autre raison à ce revers pour le gouvernement. Il pense que « nous sommes en majorité relative, c’est le choix des Français. Lorsque toutes les oppositions, malgré leurs divergences, se liguent, nous perdons ». Comme le ministre de l’Intérieur, il admet que le vote de cette motion de rejet est « un échec » pour la majorité présidentielle.
Il décrie « l’irresponsabilité des oppositions » qui « ont refusé de discuter de l’immigration bien qu’elles aient déposé de nombreux amendements ». Ils devaient discuter de 2600 amendements en séance plénière. « C’est notre rôle, nous sommes parlementaires. Nous devons voter un texte qui correspond aux attentes des Français », regrette-t-il. Sylvain Maillard fustige les « oppositions délirantes » révélées lors du vote.
Le gouvernement va devoir décider de l’avenir de son projet de loi sur l’immigration. Trois options sont possibles : abandonner le texte, le renvoyer au Sénat ou le soumettre à une commission mixte paritaire composée de sept députés et sept sénateurs. Les trois groupes de la majorité présidentielle à l’Assemblée (Renaissance, MoDem et Horizons) plaident pour ne pas retirer le projet de loi sur l’immigration.
Pour s’adapter à une majorité relative à l’Assemblée, Sylvain Maillard considère qu’il serait préférable de proposer « des textes plus courts avec un seul objectif politique ». Interrogé sur l’idée de diviser le projet de loi sur l’immigration, il répond « Je n’en sais rien ». Néanmoins, cette possibilité pourrait permettre de faire adopter « ces deux grandes mesures, attendues par les Français » : « mieux expulser les délinquants » et « mieux intégrer les étrangers venant travailler dans les professions en difficulté ».