L’échec de Gérald Darmanin et de sa loi sur l’immigration est en grande partie dû à la droite, qui a voté en faveur de la motion de rejet aux côtés du reste de l’opposition, le lundi 11 décembre. Les Républicains (LR) sont heureux de cette issue… bien que leur satisfaction risque de ne pas perdurer.
Il est indéniable que Les Républicains (LR) ont remporté une bataille significative contre Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, le lundi 11 décembre. Fait notable, le parti d’Éric Ciotti a réussi à rallier le camp oppositionnel sur une position commune, ce qui a mené à l’arrêt des débats sur la loi immigration au parlement. Au sein de la droite, une atmosphère de succès est palpable, avec un député qui s’enthousiasme : « C’est une première belle progression pour Les Républicains ! » Un autre parlementaire ajoute que cette « solide gifle à Darmanin » devrait faire comprendre au gouvernement que la droite peut se faire entendre lorsque cela est nécessaire.
Retour sur le texte de loi plus rigoureux du Sénat sur l’immigration
Une réunion a lieu le 13 décembre au matin dans le bureau de Gérard Larcher, au Sénat. Elle réunit Bruno Retailleau, Olivier Marleix, Éric Ciotti et Annie Genevard. Ensemble, ils puissent définir la stratégie à mettre en place face à la commission mixte paritaire, qui doit se pencher de nouveau sur le texte adopté par le Sénat afin de dégager un compromis. Sept députés et sept sénateurs doivent parvenir à un accord sur un nouveau texte. Les quatre représentants LR sur 14 ont bien conscience que sans leur concours, la majorité présidentielle est en faiblesse.
L’objectif de LR est de concrétiser les mesures législatives plus contraignantes, préalablement votées par les sénateurs. « C’est notre exigence pour donner notre aval à cette réforme », insiste Éric Ciotti. En précisant ces conditions, le leader de LR laisse envisager un vote favorable, sous certaines réserves. « Ce doit être un texte Retailleau-Marleix », précise un député. Les Républicains cherchent à peser sur les négociations après que le texte original a été dépouille des mesures les plus punitives par la commission des lois de l’Assemblée, espérant faire céder le gouvernement. Mais le risque majeur est de diviser la majorité présidentielle permettant à la droite de prendre une part du pouvoir. Il faudrait alors assumer et adopter un texte que nombreux au départ ne plébiscitaient pas. Il y a peu, les députés LR affirmaient haut et fort que la loi Darmanin ne servirait à rien, sans une révision de la Constitution.
Radicalité ou compromis
Par ailleurs, tout le parti LR n’est pas en faveur d’un vote en faveur du texte des sénateurs. Il y a toujours un courant plus radical chez LR, dirigé par Aurélien Pradié, député du Lot, qui depuis le début, encourage à voter contre, quel que soit le contenu. Selon lui, la droite doit se montrer aussi intransigeante que le RN et la gauche, en refusant de faire des concessions à la Macronie. Comme stipule un de ses collègues : « S’il y a régularisation de travailleurs sans papiers, il faudra voter contre ». Cependant, le Sénat a bel et bien voté une clause de régularisation, même si elle est minime, elle existe bel et bien. Cette approche radicale irrite en interne : « Assez de ces politiques politiciennes. Si ça ressemble au texte du Sénat, on vote », affirme une élue. En somme, le feuilleton n’est pas terminé, la droite pourrait bien encore se diviser.