Dans une missive publique envoyée au chef de l’État, un groupe d’une dizaine de figures publiques sollicitent l’abandon du projet de loi sur l’immigration. Ils expriment leur inquiétude face à ce qu’ils qualifient de « courants néfastes » en France et en Europe, et décrient « l’expansion préoccupante de l’intolérance et du refus de la différence ».
Appel à Macron pour la suppression du projet de loi immigration
Le 17 décembre, les responsables associatifs investis dans la lutte contre la précarité et pour la défense des droits des migrants, en compagnie des représentantes syndicales de la CFDT et de la CGT et de quelques figures du monde universitaire, ont adressé une demande de rétractation du projet de loi immigration à Emmanuel Macron. Cette requête a été révélée par franceinfo, qui a pu se procurer une copie de la lettre ouverte dans laquelle les signataires qualifient le projet de loi de « tache indélébile sur nos principes républicains ».
À l’aube d’un examen de la proposition en commission mixte paritaire (CMP) par des sénateurs et députés, les signataires ont interpellé le président de la République, lui demandant solennellement « de ne pas s’engager dans cette spirale d’escalade de propositions portant atteinte aux droits fondamentaux des individus ».
Positions divergentes au sein de la CMP
Les responsables de la LDH, France Terre d’Asile, la Cimade, la Fondation Abbé-Pierre, l’Uniopss (associations du secteur social), ainsi que les secrétaires générales de la CFDT et de la CGT, Marylise Léon et Sophie Binet, ont cosigné ce texte. Ils sont rejoints par François Héran, qui enseigne au Collège de France, et Camille Schmoll, directrice de recherches à l’EHESS. Tous critiquent les mesures qui forment la base de la CMP, découlant du texte adopté par le Sénat, au motif qu’elles « violent un certain nombre de nos principes républicains, qu’il s’agisse du droit à un accès inconditionnel aux soins ou au logement, du respect de la dignité individuelle, ou du rejet des politiques de préférence nationale ».
La condition de cinq ans de présence régulière en France requise pour bénéficier des aides sociales, le renouvellement du délit de séjour irrégulier, l’abolition de l’Aide médicale d’Etat (AME), le durcissement de l’accès aux titres de séjour et la promesse d’une intensification des expulsions sont autant de « compromissions » ou de « marchandages » dénoncés par les signataires.