L’enthousiasme de Dodin Bouffant, intitulé « The Taste of Things » outre-atlantique, a été dévoilé aux citoyens américains le 28 novembre, et sera visible dans les cinémas à partir du 14 février. La réalisation du cinéaste Tran Anh Hung a été préalablement choisie pour défendre les couleurs de la France lors de la prestigieuse cérémonie des Oscars.
Dans le cadre de leur déplacement à New York, le réalisateur Tran Anh Hung et le célèbre chef Pierre Gagnaire rendent hommage à la gastronomie française dans leur film La passion de Dodin Bouffant. Ce film a été présélectionné pour les Oscars et est une œuvre esthétiquement singulière qui a suscité des critiques en France, mais dont l’objectif est de mettre en valeur la « culture française » sur le plan international. Ayant remporté le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en mai, Tran Anh Hung, arrivé en France à l’âge de 12 ans après la guerre du Vietnam, a déclaré que ce long-métrage rend « un tribut à la nation qui m’a accueilli lorsque j’étais enfant ».
Le film réalisé par ce Franco-Vietnamien, connu pour ses réalisations comme L’odeur de la papaye verte et Cyclo, a été présenté pour la première fois en France début novembre. Il met en scène une alliance à la fin du XIXe siècle entre le gourmand Dodin, interprété par Benoît Magimel, et la cheffe Eugénie, incarnée par Juliette Binoche. Leur relation se base sur un amour mutuel et un partage culinaire. Sous le titre américain The Taste of Things, le film sortira aux Etats-Unis le 14 février 2024, un mois avant les Oscars, où il est présélectionné dans la catégorie meilleur film international. Le 28 décembre dernier, le film a été présenté à New York par la Villa Albertine, l’antenne culturelle de la diplomatie française aux Etats-Unis.
Une délicieuse manifestation de l' »esprit français »
Admirateur de la culture française depuis son adolescence, le réalisateur de 60 ans confie qu’il cherchait depuis « 20 ans un sujet sur la cuisine ». Il voulait que son film aborde un art qui « stimule une poésie qui émeut profondément » le public. Avec ce film très esthétique, l’artiste voulait également mettre en valeur « l’esprit français ». « J’ai opté pour la gastronomie, et non pour la musique ou la peinture », a-t-il éclairci auprès de l’AFP au sujet de cette adaptation d’un roman suisse de Marcel Rouff datant de 1920.
Le conseiller culinaire du film n’est autre que le fameux chef Pierre Gagnaire, âgé de 73 ans. Propriétaire de plusieurs restaurants à Paris, Aix-en-Provence, Londres, Tokyo, Séoul, Shanghai et Dubaï, dont un établissement trois étoiles au Guide Michelin (« Hôtel Balzac » à Paris), il apparaît également fréquemment dans l’émission « Top Chef » sur une chaîne française. Dans le film, on retrouve de nombreuses scènes de préparation de grands banquets.
La gastronomie et le cinéma, deux domaines où « la patience est de mise »
« C’est au sein des cuisines que nous créons et que nous préservons notre culture », a déclaré Pierre Gagnaire à l’AFP lors de sa venue avec Tran Anh Hung pour promouvoir leur film aux Etats-Unis, avant les phases de pré-sélection et de nomination de décembre et janvier pour la cérémonie des Oscars du 10 mars 2024, à Los Angeles.
La passion de Dodin Bouffant a été pré-sélectionné en septembre pour représenter la France aux Oscars parmi une liste de cinq longs-métrages français, dont le récent lauréat de la Palme d’or à Cannes, « Anatomie d’une chute » de Justine Triet. La réalisatrice avait profité de sa présence à Cannes pour critiquer la politique du gouvernement français en matière de culture et de retraites. À ceux qui n’ont pas apprécié le film, qui a reçu un accueil mitigé, Pierre Gagnaire a rétorqué mardi dernier « La beauté de ce film réside dans sa lenteur ». « Nous vivons actuellement dans une époque où l’on prône le ‘rapidement mais efficacement’, alors qu’en réalité, la gastronomie et le cinéma demandent du temps. » a conclut le chef.