Dans plusieurs pays européens, notamment en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, nous assistons actuellement à une multiplication des manifestations d’agriculteurs. Ce thème, particulièrement explosif au moment où s’amorce la campagne pour les élections européennes, est au centre de toutes les préoccupations politiques.
Faire face à une autre crise « gilets jaunes » : une délicate mission
Le samedi 20 janvier, le Premier ministre, Gabriel Attal, et Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, ont fait un effort pour se rapprocher de la population rurale française dans l’espoir d’apaiser la colère grandissante des agriculteurs. De son côté, Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (RN), a choisi de se rendre chez des viticulteurs.
Les détails de la visite de Marc Fesneau
Marc Fesneau, qui a récemment été maintenu à son poste de ministre de l’Agriculture, s’est rendu chez un agriculteur laitier du Cher au début de l’après-midi. Il a ensuite tenu une réunion de travail avec des organisations professionnelles agricoles. L’objectif de cette réunion était d’écouter les problèmes des agriculteurs, de rappeler les mesures prises concernant leurs problèmes et de présenter les futures tâches à accomplir en détail, selon son bureau.
L’accent sur des négociations commerciales plus contrôlées
De son côté, le Premier ministre, Gabriel Attal, s’est rendu dans le Rhône pour prendre contact avec la France rurale. Lors d’une réunion publique à laquelle ont assisté 150 élus et habitants, il a annoncé qu’il s’entretiendrait lundi soir avec les responsables des syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs. Répondant à un maraîcher, le Premier ministre a déclaré que l’agriculture française est l’une des plus qualitatives au monde.
Il a également réitéré sa volonté de garantir aux agriculteurs la possibilité de vivre décemment de leur travail. Il a fait référence aux lois Egalim 1, 2 et 3, adoptées depuis l’élection de Macron à la présidence, censées empêcher les agriculteurs de vendre à perte. Il a promis plus de contrôles pour s’assurer que les négociations commerciales annuelles entre les supermarchés et leurs fournisseurs de l’agro-industrie ne nuisent pas aux prix payés aux agriculteurs.
« La défense du patriotisme économique et le rejet du libre-échange »
Ces visites ministérielles simultanées ne sont pas une coïncidence. L’exécutif craint de voir la colère des agriculteurs s’intensifier, un mois avant l’ouverture du Salon de l’agriculture, et à six mois des élections européennes, où le RN est en tête des sondages. En conséquence, sur ordre de l’Elysée, les préfets ont reçu pour instruction d’aller à la rencontre des agriculteurs et de leurs syndicats dès ce week-end, au plus près du terrain.
Une multitude de motifs de mécontentement pousse les agriculteurs à la protestation : l’augmentation des charges, les retards dans le versement des subventions agricoles, le sentiment d’être étouffés par des réglementations nationales ou européennes au nom de la transition écologique.
Tout cela n’a pas échappé au RN. Son président, Jordan Bardella, tête de liste aux élections européennes, a passé la journée dans le vignoble du Médoc, en Gironde. Il a déclaré que l’Europe de Macron voulait la fin de l’agriculture française en la mettant en concurrence avec les produits agricoles venus de l’autre bout du monde qui ne respectent aucune des normes imposées aux agriculteurs français. Tout en rejetant l’idée d’un duel à distance avec le Premier ministre en prévision des élections européennes.
La colère des agriculteurs est clairement visible et la lutte politique ne fait que commencer.