Le collectif Cerveaux non disponibles a initié la tribune, en réaction à une première tribune qui soutenait Gérard Depardieu, signée par 60 personnalités. Parmi elles, certaines, telles que Pierre Richard, se sont entretemps dissociées.
L’opposition à Gérard Depardieu, l’acteur français largement critiqué après la diffusion de vidéos dans lesquelles il tient des propos insultants et misogynes envers les femmes, s’intensifie. En à peine deux jours, environ 8 000 artistes ont manifesté leur soutien en signant une tribune contre lui, comme l’ont indiqué ses instigateurs ce dimanche.
Les chanteuses Angèle et Louane ainsi que le rappeur Médine font partie des artistes, connus ou non, qui ont apporté leur soutien. C’est par l’intermédiaire du réseau social X, anciennement connu sous le nom de Twitter, que le collectif appelé Cerveaux non disponibles a annoncé la clôture de la collecte des signatures.
La contre-tribune est une réponse à une tribune favorable à Depardieu qui demandait de « ne pas effacer » l’acteur, autrefois idolâtré du cinéma français. Cette tribune a été publiée le jour de Noël dans Le Figaro, suscitant une polémique. De plus, elle conteste les déclarations d’Emmanuel Macron, qui a critiqué le 20 décembre la « chasse à l’homme » à l’encontre de l’acteur de 75 ans, sous le coup d’une mise en examen pour viols depuis 2020. La plainte porteuse de ces accusations est une comédienne âgée d’une vingtaine d’années, Charlotte Arnould.
Selon les signataires de la contre-tribune, l’attitude de défense manifestée par la tribune pro-Depardieu et par le président Macron n’est rien d’autre qu’une insulte à l’égard des victimes de Gérard Depardieu, mais aussi envers toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles.
« Lettre au monde ancien »
Dimanche, une autre pétition de critique intitulée « Lettre au monde ancien » a été mise en ligne sur le site Médiapart. Elle porte environ 70 signatures de professionnels du cinéma tels que Laure Calamy et Anouk Grinberg.
« Personne ne cherche à supprimer l’œuvre de l’artiste. Cependant, le talent de Gérard Depardieu ne justifie en aucun cas l’indignité de son comportement », peut-on lire dans la pétition.
Suite à la diffusion au début du mois de décembre des vidéos controversées, Depardieu a perdu de son prestige. Actuellement, il fait face à trois plaintes pour agression sexuelle ou viol, qu’il nie vigoureusement, divisant ainsi l’opinion publique, et pas uniquement dans le milieu du cinéma.
Dissensions
Le malaise est d’autant plus prononcé que plusieurs des quelque 60 personnalités qui avaient initialement soutenu la tribune pro-Depardieu ont depuis pris leurs distances. C’est le cas de Carole Bouquet, Nadine Trintignant et Gérard Darmon.
Notamment, Yannis Ezziadi, un acteur relativement inconnu qui écrit pour le magazine ultra-conservateur Causeur et proche de Julie Depardieu, la fille de l’acteur, est l’instigateur de cette tribune. Selon une enquête du journal Le Monde, il serait associé à des groupes identitaires et réactionnaires.
Dimanche, c’est Pierre Richard qui s’est désolidarisé, affirmant sur X avoir signé la tribune « uniquement au nom de la présomption d’innocence », mais que le texte « ne reflète pas [son] soutien aux victimes d’agressions sexuelles ».
Dans Le Monde, Aurélie Filippetti, l’ancienne ministre socialiste de la Culture, a quant à elle déclaré que « c’est la première fois que l’extrême droite se cache derrière une telle offensive pour en faire un véritable combat politique ».