Depuis le début de la guerre contre le Hamas, le Premier ministre israélien fait face à une impopularité sans précédent malgré sa longue longévité à la tête de l’Etat hébreu.
Benyamin Nétanyahou, après avoir fait face à des accusations de corruption, des critiques et des scandales tout au long de ses vingt-sept années passées en politique, a réussi à garder le pouvoir malgré les épreuves qui se sont présentées. Même après des situations apparemment désespérées, il a réussi à rebondir à chaque fois et a acquis la réputation d’un phénix renaissant de ses cendres, selon Denis Charbit, professeur de science politique à l’Université libre d’Israël et auteur de Israël et ses paradoxes : idées reçues sur un pays qui attise les passions (éd. Le Cavalier bleu, 2015).
Cependant, l’attaque lancée par le Hamas le 7 octobre, aboutissant à la mort de 1 200 personnes, a brisé le mythe de « Bibi le magicien », surnom donné par les chroniqueurs israéliens. Denis Charbit mentionne que les citoyens israéliens, partisans ou non du Likoud (le parti du Premier ministre), ont perçu Nétanyahou comme fini. Concernant la guerre qui entre dans son quatrième mois, la popularité du Premier ministre est en chute libre.
Le discours de Nétanyahou, axé sur la sécurité et l’économie, ne convainc plus, bien qu’il fut auparavant un élément-clé de sa campagne électorale. Il a toujours tenu la sécurité comme un thème central de sa politique et s’était présenté pendant la dernière campagne des législatives en novembre 2022 comme « monsieur sécurité ». Cependant, cette image a perdu de son influence depuis l’offensive du Hamas.
Le Premier ministre a été critiqué pour ne pas avoir su empêcher l’attaque du Hamas, au point où certains le tiennent pour responsable des failles sécuritaires. L’échec du renseignement associé à l’échec militaire a entamé la popularité du dirigeant. Même ses visites auprès des troupes et ses interventions sur le front n’ont suffi à redorer son image de chef de guerre. Ses succès sont attribués aux militaires et à l’appareil d’Etat plutôt qu’à lui.
En plus de ses problèmes politiques, Nétanyahou est rattrapé par ses ennuis judiciaires. Son procès pour corruption a repris récemment et il doit répondre à des accusations de corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires. De plus, la création d’une commission d’enquête sur les carences de l’armée, du gouvernement, du renseignement et du Premier ministre lui-même avant l’attaque du 7 octobre semble inévitable.
Benny Gantz, son rival, a vu sa cote de popularité s’améliorer, tandis que la popularité de Nétanyahou et de sa coalition continue de chuter. Il est donc possible que des élections anticipées aient lieu, bien qu’à ce stade il est difficile de le prédire.
Face à ces multiples défis politiques et judiciaires, Benyamin Nétanyahou, âgé de 74 ans, refuse de commenter son avenir politique et préfère se concentrer sur la situation actuelle dans le pays.