Un long métrage a réussi à contourner la censure en Russie. « Le Maître et Marguerite », une œuvre cinématographique mise en scène par un détracteur de Poutine, connaît un franc succès dans les cinéma du pays.
La répression en Russie frappe également le monde culturel
En Russie, la répression sévère qui frappe le pays n’épargne pas le secteur de la culture. Nombreux sont les artistes qui ont dû se réfugier à l’étranger, et certaines pièces de théâtre ont été interdites du fait des prises de position anti-guerre de leurs auteurs. Par exemple, les romans de l’auteur à succès Dmitri Gloukhovski ont été retirés des librairies suite à sa condamnation par contumace à une peine de 8 ans de prison pour « propagation de fausses informations sur l’armée ».
Toutefois, la censure n’est pas toujours efficace. C’est le cas du dernier film de Michael Lockshin, réalisateur russe, Le Maître et Marguerite, tiré du roman de Mikhail Boulgakov. Malgré ses critiques ouvertes envers le Kremlin et son opposition à la guerre, le film a immédiatement trôné au sommet du box-office à sa sortie, provoquant des troubles localement.
Un investissement de 20 millions de dollars
Le film Le Maître et Marguerite était l’une des sorties cinématographiques les plus anticipées de l’année en Russie. Avec un casting réunissant plusieurs célébrités russes et un budget de 20 millions de dollars, c’est une production d’envergure pour le marché local. Sa sortie a cependant été retardée à plusieurs reprises, notamment suite au retrait du studio américain Universal du marché russe après l’invasion de l’Ukraine. Malgré cela, le film a rencontré un succès public et critique.
Cependant, le contexte politique tendu de la Russie de 2024 a généré des critiques virulentes. Michael Lockshin, le réalisateur qui a quitté la Russie et critique sans détour la guerre en Ukraine, a été la cible de nombreux propagandistes et nationalistes. Sur les chaînes Telegram favorables au Kremlin, on n’hésite pas à rappeler les messages du réalisateur, connu pour son opposition au régime.
De plus, la polémique enfle autour du fait que le film ait bénéficié de fonds publics. Réalisé en 2021, avant la guerre, le scandale n’a pour l’instant pas atteint les plus hautes sphères du pouvoir. Toutefois, certains cinéphiles se ruent pour voir le film, redoutant qu’il soit retiré prématurément des salles.