Le président de la République, depuis la présidence, a souligné l’importance de la jeunesse et de l’éducation comme moyen de « renforcer » la nation. Cependant, ces déclarations n’ont pas su persuader les acteurs du système éducatif national, qui sont déjà agacés par les propos de la nouvelle ministre, Amélie Oudéa-Castéra.
Emmanuel Macron s’est engagé à un « réarmement civique » lors d’un point presse du 16 janvier présent devant 200 journalistes et des millions de téléspectateurs, retransmis en direct depuis l’Élysée. Une grande importance a été accordée à la notion de « réarmement », avec en particulier un accent sur la jeunesse à travers la réintroduction de l’uniforme scolaire et la contrôle de l’utilisation des écrans.
Cependant, ces suggestions n’ont guère fait l’unanimité auprès des professionnels de l’Education nationale, déjà agacés par les déclarations d’Amélie Oudéa-Castéra, la nouvelle ministre. Raphaël, enseignant en collège à Montreuil en Seine-Saint-Denis et syndicaliste au SNESS-FSU, exprime sa déception en disant : « J’espérais l’annonce de la démission de notre ministre qui nous a outragés récemment », lance-t-il.
Emmanuel Macron a convenu que les remarques publiques d’Amélie Oudéa-Castéra concernant la scolarisation de ses enfants dans une école privée étaient maladroites et qu’il était justifié de présenter des excuses. Abordant cette question sensible, Macron a déclaré que son gouvernement s’engagerait fermement à faire en sorte que chaque élève ait un enseignant pour chaque heure de cours prévue. Il a ajouté que la ministre, en soulevant les problèmes de remplacement des enseignants, mettait le doigt sur un problème réel qui serait une des priorités à mettre en œuvre dans la continuité du travail que le Premier ministre a encore à accomplir.
« Une tendance nostalgique Vers la Troisième République »
Raphaël a aussi critiqué les mesures comme étant « superficielles », pas vraiment novatrices et une vision rétrograde de l’école. « L’éducation théâtrale obligatoire, je ne l’avais pas anticipé. Comme le changement d’appellation de l’EMC (éducation morale et civique) en instruction civique avec un renforcement plus traditionnel, qui a des relents de Troisième République. Sans parler de l’uniforme, qui est exactement ce que Gabriel Attali avait proposé en son temps. On est en plein symbolisme », remarque-t-il.
Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat SNES-FSU, partage cette opinion : « C’est assez navrant, voire consternant, de voir ce président qui disserte sur l’école du passé, qui recycle des idées mais qui ne saisit absolument pas les défis de l’école d’aujourd’hui et de demain, alors que nous sommes presque dans une situation de faillite de l’école publique », déplore-t-elle.
Raphaël, basé à Montreuil, reproche également qu' »aucune annonce concernant des ressources n’a été faite. « . Il exprime également ses préoccupations concernant la réforme du collège unique, annoncée par Gabriel Attal avant son départ du ministère de l’Education, qu’il juge particulièrement néfaste. Selon lui, l’enseignement théâtral est loin d’être suffisant pour compenser les manquements en termes de politique éducative.
« L’éducation nationale n’est pas une priorité pour ce président »
Selon Sophie Vénétitay, « Emmanuel Macron porte une grande responsabilité en ce qui concerne la difficulté de remplacement des professeurs absents ». Elle affirme que le chef de l’État a surtout supprimé les moyens de remplacement, en prenant l’exemple de l’académie de Dijon qui, selon elle, « les moyens de remplacements pour les collèges et les lycées ont diminué de 32% entre 2021 et 2023 ». Quant au Pacte enseignant, « C’est une fausse affirmation de dire qu’il a permis de faire des remplacements », rétorque Sophie Vénétitay, qui ajoute : « Ça n’a pas été un grand succès ».
Enfin, sur la question de la formation des enseignants, la secrétaire générale parle de « flou total » qui montre que « l’Education nationale n’est pas la priorité de ce président » : « On entend tout et n’importe quoi sur la formation des enseignants, ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron parle d’une formation à la sortie du bac ». Selon elle, il est nécessaire de s’arrêter pour faire le bilan. « Emmanuel Macron cherche à occuper le terrain, mais il y a beaucoup de vieux concepts dans ses annonces », déclare-t-elle en conclusion.