Le directeur du service des urgences à l’Hôpital Delafontaine à Saint-Denis, en banlieue parisienne, a répondu à l’engagement du Premier ministre, prononcé samedi, d’allouer « 32 milliards d’euros en plus » au secteur de la santé « sur les cinq prochaines années ».
« La réforme du système de santé est une nécessité impérieuse », a déclaré Mathias Wargon, responsable du service des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis en Seine-Saint-Denis, sur 42mag.fr le dimanche 14 janvier. Ceci fait suite au discours prononcé par Gabriel Attal sur le sujet de la santé. Lors de sa visite à Dijon la veille, le nouveau Premier ministre a communiqué son intention d’investir une enveloppe supplémentaire de « 32 milliards d’euros » dans le système de santé français « dans les cinq prochaines années », un geste perçu par ses proches comme une « augmentation du budget de l’assurance maladie, approuvée par la dernière loi de financement de la Sécurité sociale ». Cependant, Mathias Wargon trouve regrettable l’absence d’un « projekt à long terme », mise en exergue par le remplacement fréquent de ministres pendant les années passées et le manque d’un « ministre spécifiquement en charge de la santé » au sein du nouveau cabinet. Le directeur du service des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis critique le fait que face aux problèmes actuels du secteur de la santé, « il faudrait repenser l’ensemble du système ».
Mathias Wargon souligne en effet que « la situation actuelle n’est pas tenable sur le long terme ». « Tout le système de santé s’est reposé sur l’hôpital, de plus en plus, et sur les urgences en particulier, ça fait des années qu’on dit que ça craque », réitère le spécialiste. Il déplore le fait que les « conditions de travail sont de plus en plus difficiles et dégradées » à l’hôpital à cause de l’arrivée massive de patients. Dans son unité d’urgence à Saint-Denis, il remarque chaque jour entre « 200 et 300 passages », alors qu’on comptait « 150 à 170 avant 2020 ». Mathias Wargon observe que de nombreux patients se rendent « aux urgences faute de solutions disponibles en dehors de l’hôpital » alors que le personnel médical dans le service d’urgence ne peut « pas prendre en charge tout le monde ».
Un appel à une « réflexion approfondie »
Dans ce cadre, « il y a non seulement besoin de beaucoup beaucoup d’argent », mais aussi « il faut d’abord savoir où l’investir et ce qu’on va totalement faire », insiste Mathias Wargon. Le responsable des urgences invite à une réflexion « approfondie » avec un « plan ». « J’aimerais comprendre comment on envisage de réformer le système de santé sur les cinq ou dix prochaines années, ce qu’on veut accomplir, comment on compte le transformer », plaide-t-il. Mathias Wargon propose par exemple de réfléchir s’il ne serait pas opportun de permettre « aux infirmières, aux kinésithérapeutes, aux pharmaciens d’effectuer davantage de procédures ». « La question est la suivante : à qui allouer les ressources financières et dans quel dessein : devrait-on se focaliser sur les maladies graves ? Faut-il s’occuper des petits maux ? Les médecins sont-ils censés rédiger des certificats ? Pouvez-vous annuler vos rendez-vous à la dernière minute ? », interroge le médecin d’urgence.