Un dispositif de simulation élaboré par des experts en recherche permet à des individus ayant subi un accident corporel ou des troubles mentaux d’évaluer leurs compétences de conduite dans environ trente institutions de réhabilitation.
Possibilité de continuer à conduire après une baisse de capacités suite à un accident ou à cause d’une maladie. Chaque année, plus de 20 000 personnes en France auraient besoin d’une évaluation pour juger leur aptitude à conduire en sécurité, pour eux et les autres. Des chercheurs ont développé un simulateur de conduite sophistiqué qui offre également la possibilité de proposer des aménagements personnalisés pour leur véhicule.
L’apparence du dispositif ressemble à celle des simulateurs de conduite trouvés dans les salles de jeux, avec grand siège noir, volant et trois écrans, mais ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’un jeu. L’équipement est doté d’un logiciel de pointe et de toutes les options indispensables pour les personnes handicapées : joystick, cercle de conduite, inversion de pédale. Des experts en robotique sont à l’origine de sa conception.
Ce simulateur de conduite est utilisé dans une trentaine de centres de rééducation, tel l’hôpital de Plaisir (Yvelines), où l’ergothérapeute Marie Gawalkiewicz évalue les compétences d’un patient souffrant de troubles cognitifs suite à un AVC. « Lorsque vous entendez ce son, appuyez rapidement et fortement sur la pédale du frein », oriente l’ergothérapeute. À l’issue du test, le temps de réaction s’est avéré légèrement long et le patient a eu des difficultés à presser la pédale de frein.
Une multitude de maladies concernées
Ce sont les centres de rééducation qui ont demandé un outil permettant un meilleur examen des compétences de leurs patients. Après un accident entraînant des séquelles physiques, ou encore après une crise cardiaque, un AVC, en présence de diabète ou d’épilepsie, une évaluation est requise par la loi avant de pouvoir conduire. Une liste exhaustive de maladies est concernée.
Le plus souvent, des médecins agréés analysent le patient et peuvent demander éventuellement un test de conduite dans une auto-école spécialement équipée. Cependant, les résultats ne sont pas aussi précis qu’avec ce simulateur, créé par le centre des ressources et d’innovation mobilité handicap (Ceremh), une association dédiée à la mobilité des personnes en situation de handicap. Eric Monacelli, Président du Ceremh et Professeur à l’université Paris-Saclay, spécialisé en robotique interactive, est le concepteur de cet équipement.
Certaines réticences chez les patients
Ce simulateur de conduite va prodigieusement aider les personnes aux prises avec des handicaps, cependant, la perception des patients diffère. Car c’est à la fois un outil d’aide à la conduite et aussi un moyen déterminant de juger si oui ou non ils peuvent conduire. De multiples situations nécessitent une évaluation, pas seulement après un accident provoquant une paralysie. Il en est de même pour la maladie d’Alzheimer ou la sclérose en plaques, toutes les maladies dégénératives sont prises en compte.
Marie Gawalkiewicz constate que chez certains patients, il y a un déni. Certains patients sont plutôt contents d’avoir une évaluation sur un outil à la pointe de la technologie. D’autres ressentent de l’appréhension et craignent ce que cela pourrait impliquer en termes de coûts financiers ou de changement dans les habitudes de vie établies depuis longtemps. Certains rétorquent qu’ils conduisent depuis 30 ans et qu’ils savent déjà conduire. Mais la question n’est pas là.
Ce simulateur avancé sera amélioré pour capter tous les signaux physiologiques du conducteur : activité cérébrale, cardiaque et musculaire. À terme, il sera utilisé pour évaluer la capacité des personnes âgées à conduire. En France, il n’y a ni limite d’âge pour conduire, ni visite médicale obligatoire. Les personnes de plus de 75 ans peuvent se soumettre à des tests de conduite de leur propre chef, pour le moment.