Le chef du gouvernement a déclaré que l’action gouvernementale avait permis d’héberger « 550 000 » personnes sans logement. Cependant, des élus de la France Insoumise estiment à « 330 000 » le nombre de personnes sans résidence permanente sur le territoire national.
En ce qui concerne l’action d’Emmanuel Macron pour réduire le nombre de personnes vivant dans la rue, quel bilan peut-on dresser ? Le gouvernement de Gabriel Attal, dix jours après le remaniement, ne compte toujours pas de ministre du Logement titulaire, ce qui a été critiqué par l’opposition de gauche lors d’un épisode de grand froid en France. Gabriel Attal a justifié lors de sa première séance de questions à l’Assemblée nationale le mardi 16 janvier, suite à une interrogation de Mathilde Panot, cheffe de file des députés de La France Insoumise (LFI).^p>
Face aux accusations, Gabriel Attal a contre-argumenté affirmant que grâce à la majorité présidentielle, 550 000 personnes étaient maintenant logées de manière permanente et ne vivaient plus dans la rue. Par contre, Manuel Bompard, député de Marseille pour LFI, a contesté sur le réseau social X ces chiffres, qu’il juge trompeurs.
Des situations variées et des données qui diffèrent
Gabriel Attal et les députés LFI avancent chiffres différent, mais pas forcément contradictoires. Manuel Domergue, directeur des études de la fondation abbé-Pierre, interrogé par FranceInfo, fait remarquer que chaque partie souligne des aspects différents : d’un côté le nombre de personnes ayant obtenu un logement (solution trouvée), de l’autre le nombre de personnes sans domicile (problème persistant).
Le Premier ministre se base sur les résultats du plan gouvernemental « Logement d’abord » lancé en 2018. Selon les données officielles, près de 440 000 personnes ont été logées entre 2018 et 2022 grâce à ce plan. Depuis juin 2023, un nouveau plan a été lancé appelé « Logement d’abord 2 ». Manuel Domergue ajoute que le chiffre de 550 000, cité par Gabriel Attal, pourrait être la somme de tous les résultats jusqu’à 2023, ce qui serait conforme aux calculs de la Fondation pour cette année.
Une estimation du nombre de SDF réalisée par l’Insee
D’un autre côté, Manuel Bompard et Thomas Portes mettent l’accent sur la hausse du nombre de SDF en France. Ils se basent sur les données de la Fondation abbé-Pierre, selon lesquelles le nombre de personnes sans domicile est passé de 142 000 à 330 000 entre 2015 et 2023 : une augmentation plus que significative en huit ans.
Un chiffre qui pourrait être sous-estimé
Néanmoins, ce chiffre pourrait être loin de la réalité. Certaines personnes, en particulier celles qui vivent dans des véhicules ou des cages d’escalier, sont souvent oubliées lors des recensements. De plus, les chiffres obtenus durant l’hiver peuvent être plus faibles, en raison des plans de secours mis en place pendant cette période pour héberger les sans-abri.
Pour résumer, le nombre de SDF a bel et bien augmenté sous la présidence Macron, selon les estimations de la Fondation abbé-Pierre. Cependant, durant cette même période, le gouvernement a réussi à offrir un logement à au moins 440 000 personnes. Comme le résume Manuel Domergue : « Le gouvernement a sorti des milliers de personnes de la rue, mais des milliers d’autres s’y sont retrouvées ».