Micheline Presle, une actrice qui nous a quittés mercredi à l’âge de 101 ans, a été une figure emblématique pour de nombreux spectateurs sur plusieurs générations. Elle a également eu l’honneur de travailler avec d’éminentes personnalités du cinéma du vingtième siècle, dont Alain Resnais, Jacques Demy et Claude Autant-Lara.
Micheline Presle, née en août 1922 à Paris, s’est éteinte paisiblement le 21 février 2024, aux alentours de 18h, à la Maison nationale des artistes de Nogent-sur-Marne, dans le Val-de-Marne. Son gendre, Olivier Bomsel, a annoncé la triste nouvelle. On prévoit un service funéraire privé pour la célèbre actrice.
Micheline Presle était connue pour son élégance et son amour pour la mode. Beaucoup se souviennent d’elle pour son rôle de Marthe, l’amie de Gérard Philipe dans le film « Le Diable au corps » de Claude Autant-Lara, sorti en 1947 et basé sur l’œuvre de Raymond Radiguet. Elle a également marqué les esprits en tenant la vedette des soirées du samedi soir dans la série télévisée « Les Saintes chéries », une véritable institution de l’ORTF des années 60.
« Une profonde tristesse »
Mais Micheline Presle, c’était bien plus que cela. Avec son décès, c’est toute une époque du cinéma qui prend fin. Sa filmographie compte plus de 150 films, y compris à Hollywood. Artiste versatile, elle a travaillé avec de nombreux réalisateurs renommés, de George Pabst à Alain Resnais, en passant par Abel Gance, Jacques Demy ou Joseph Losey. Très populaire auprès du public français, elle partageait la vedette avec Danielle Darrieux et Michèle Morgan. De plus, elle est l’une des rares actrices confirmées qui ont beaucoup apporté aux cinéastes en début de carrière.
Gilles Jacob, l’ancien président du Festival de Cannes, a dit de Micheline Presle : « C’est une grande perte. La France pleure sa chère sainte. À 101 ans, Micheline était toujours belle, simple, éclatante, curieuse de tout, une chanteuse talentueuse, pleine de joie, avec un regard brillant. Une femme qui aimait la vie« .
Micheline Presle s’est illustrée aux côtés de Jean Gabin dans le film « Le Baron de l’écluse » de Jean Delannoy (1960).
L’actrice Laura Smet lui a rendu un hommage émouvant sur son compte Instagram en rappelant sa rencontre avec la comédienne lors de la remise du prix Romy Schneider, en écrivant simplement : « Chère Micheline, repose en paix« .
L’acteur et réalisateur Francis Huster a également partagé ses souvenirs de travail avec l’actrice au journal Le Parisien. « Micheline Presle, c’était une perle. C’était une femme avant d’être une actrice. Micheline a toujours été très humaine. Elle avait un cœur d’or », a-t-il rappelé. Il a eu l’opportunité de travailler à ses côtés et avec Jean-Paul Belmondo pour le film « Un homme et son chien » (2008). « Le tournage s’est merveilleusement bien passé. C’était très émouvant de voir Micheline et Jean-Paul côte à côte. Elle aimait tellement le moment entre l’action et le “coupez” : dès que le moteur était en marche, elle ne vieillissait plus », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, deux jours avant sa 49e cérémonie et vingt ans après avoir décerné un César d’honneur à Micheline Presle, l’Académie des César a rendu hommage à cette figure emblématique du cinéma français. Lorsqu’elle avait reçu son César d’honneur, l’actrice avait déclaré sur scène : « Le cinéma est sans aucun doute la plus belle histoire de ma vie« . Elle avait également rendu hommage aux « jeunes cinéastes » à qui elle devait sa « survie » et « beaucoup de ses joies ».
On se souvient notamment de son rôle dans « Falbalas » de Jacques Becker, qui l’a rendue célèbre juste après la guerre, et dans « Boule de suif » de Christian-Jaque. Sa fille, Tonie Marshall, est la seule femme réalisateur à avoir jamais remporté un César, pour « Vénus Beauté (institut) » en 1999, où apparaissait également Micheline Presle. Tonie est décédée en mars 2020.
La dernière prestation de presle devant la caméra date de 2018. Dans le spectacle autobiographique « Fashion Freak Show » de Jean Paul Gaultier, elle s’est glissée dans la peau de sa grand-mère, inspiratrice de la passion du couturier pour la mode.
A côté du septième art, Micheline Presle était également engagée dans l’Association pour le droit à mourir dans la dignité, dont elle était membre d’honneur. L’association a évoqué la perte d’une « fervente militante (…) et une amie ».