Robert Badinter, emblème de la gauche bienveillante, a succombé dans la soirée du jeudi 8 au vendredi 9 février. Il s’agit d’un homme dont l’implacable engagement en faveur des droits humains ne faisait aucun doute.
Né dans la ville lumière, Paris, en l’année 1928, Robert Badinter adopte la profession d’avocat et devient enseignant en droit à l’âge de 22 ans. En 1972, il assure la défense juridique de Roger Bontems qui sera malheureusement condamné à la peine capitale. L’exécution de son client hantera Robert Badinter pour toujours et renforcera sa conviction abolitionniste de la peine de mort, devenant dès lors un militant acharné pour cette cause.
En 1977, Robert Badinter est confronté au défendre Patrick Henry, reconnu coupable d’homicide sur un enfant. Ce dossier marquera le début d’un long combat de sa vie, contre la peine de mort, dans une France encore hésitante à l’abolir. François Mitterand, nouvellement élu avec la promesse de mettre fin à l’application de la peine de mort en France, fait de Robert Badinter le garde des Sceaux. Le débat sur le projet de loi pour l’abolition de la peine de mort, qu’il porte, est à l’ordre du jour à l’Assemblée nationale.
Militant inépuisable pour les droits humains
Malgré les attaques et menaces reçues, Robert Badinter, en tant que membre du gouvernement le plus contesté, œuvre pendant cinq ans à réformer le système judiciaire. Il contribue à l’élimination des juridictions exceptionnelles, au renforcement des droits des victimes et à l’amélioration du système carcéral. En 1986, François Mitterrand le désigne à la tête du Conseil constitutionnel. Six ans après, ils se retrouvent pour commémorer la rafle du Vel’ d’Hiv’, un événement personnellement douloureux pour Robert Badinter qui y a perdu son père. En ce lieu de recueillement, il réagit fortement face à la foule qui hue Mitterrand, leur rappelant son passé controversé pendant la période de Vichy.
Durant ses 16 années en tant que sénateur, Robert Badinter reste un militant infatigable pour les droits de l’homme. Profondément convaincu de la nécessité de justice et d’humanité, il est sûr d’avoir mené à bien son combat de toute une vie.