Cet individu aux multiples facettes a eu une carrière diversifiée, exerçant en tant qu’avocat, écrivain, président du Conseil constitutionnel et sénateur. Son décès est survenu dans la nuit du jeudi au vendredi.
La mort de Robert Badinter, figure du 20è siècle
Robert Badinter, une figure emblématique du XXe siècle, est décédé dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février à l’âge de 95 ans, a annoncé sa collaboratrice, Aude Napoli, à l’AFP. Avocat, ministre, écrivain, président du Conseil constitutionnel, sénateur, il était surtout connu pour son combat acharné contre la peine de mort. Robert Badinter a consacré sa vie à lutter contre l’injustice sous toutes ses formes, en se basant sur ses propres expériences de jeunesse.
Né à Paris en 1928 de parents juifs issus de Bessarabie, Robert Badinter a vécu l’antisémitisme de plein fouet. Avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir, sa famille a été contrainte de fuir et son père a été arrêté à Lyon dans une rafle organisée par Klaus Barbie. La famille a dû se réfugier chez des amis pour échapper à une éventuelle arrestation. Ce sont ces expériences qui ont marqué Robert Badinter et qui l’ont poussé par la suite à lutter contre l’injustice.
Son combat contre la peine de mort a débuté dans les tribunaux, après avoir travaillé aux Etats-Unis pour compléter ses études de droit et être devenu avocat à l’âge de 21 ans. Il a également été professeur de droit dans différentes universités, avant de se marier en 1966 avec celle qui deviendra Elisabeth Badinter et avec qui il aura trois enfants. Son engagement contre la peine de mort s’est intensifié après avoir défendu Roger Bontems, condamné à mort pour sa participation à la prise d’otages de la centrale de Clairvaux en 1971.
Une autre affaire emblématique de Robert Badinter est celle de Patrick Henry, jugé pour l’enlèvement et le meurtre d’un petit enfant de 7 ans. L’avocat a mené une plaidoirie remarquable, soulignant l’absurdité et l’inutilité de la peine de mort dans de tels cas. Cette affaire a marqué un tournant dans la lutte contre la peine capitale en France.
Mais le vrai tournant viendra après son entrée en politique, lorsqu’il devient Garde des Sceaux sous la présidence de François Mitterrand. C’est lui qui portera le projet d’abolition de la peine de mort à l’Assemblée nationale en 1981, malgré l’opposition de 63% des Français. Son discours passionné restera dans les annales et permettra finalement l’abolition de la peine capitale.
Robert Badinter restera dans l’histoire comme une figure emblématique de la lutte contre l’injustice, et sa disparition marque la fin d’une époque.