Nicole Belloubet a inauguré une série de discussions avec les organisations syndicales d’enseignants. « Je souhaite rouvrir une communication », déclare-t-elle fermement.
Lors d’une interview le mardi 13 février sur France Inter, Nicole Belloubet, la récente ministre de l’Éducation nationale, s’est exprimée sur sa vision de la refonte et de la pacification de l’éducation. Belloubet a été nommée la semaine précédente en remplacement d’Amélie Oudéa-Castéra, qui a été impliquée dans plusieurs controverses, notamment liées à ses critiques de l’école publique. Dans cette logique, la ministre fraîchement nommée a déjà commencé à rencontrer les syndicats, et continuera à le faire dans les jours qui viennent.
« Instauration d’un nouveau dialogue »
Belloubet souhaite établir une nouvelle communication avec les syndicats, déclarant : « Je veux reprendre les discussions ». Elle entend mettre de côté le passé et se concentrer sur l’avenir, tout en reconnaissant l’importance de la stabilité au sein de son ministère. Depuis 2017, l’Éducation nationale a vu défiler cinq ministres différents : Jean-Michel Blanquer, Pap Ndiaye, Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castéra et Nicole Belloubet. Bien qu’elle concède du bout des lèvres qu’un certain maintien est bénéfique, elle maintient que cela ne fait pas obstacle aux réformes.
Belloubet cherche également à se distancier de la perception qu’elle serait doublement contrôlée, le domaine de l’éducation étant apprécié à la fois par Gabriel Attal et Emmanuel Macron. Elle récuse l’idée que le Premier ministre ou le président de la République soient constamment à ses côtés, tout en reconnaissant discuter de ses dossiers avec eux. Belloubet assure partager leur volonté d’améliorer les résultats scolaires et soutenir les professeurs dans cette démarche.
« L’arrêt de l’enseignement magistral »
Belloubet défend notamment la mise en place de groupes de niveau, une initiative qui a été lancée en décembre 2023 par son prédécesseur, Gabriel Attal. Elle soutient cette idée en citant l’étude Pisa 2022 de l’OCDE sur l’éducation, qui montre une baisse des performance des étudiants français. Elle parle également d’une consultation en ligne effectuée l’année précédente sur le « choc de connaissances », à laquelle plus de 230 000 professeurs ont participé. Selon Belloubet, les enseignants ont majoritairement plaidé en faveur de la réduction de l’hétérogénéité des classes et d’une prise en charge individualisée pour répondre aux besoins spécifiques des élèves. Elle décrit cela comme la fin de l’enseignement magistral traditionnel, en promettant plus de liberté aux enseignants pour adapter leur approche à leurs élèves.
Détails de la nouvelle approche pédagogique
Belloubet esquisse les grandes lignes de cette nouvelle approche pédagogique, soulignant que toutes les modalités ne sont toutefois pas complètement fixées. Elle insiste sur le fait que ce ne seront pas des « classes de niveau ». Dans la pratique, tous les élèves recevront des cours communs en histoire-géographie et en éducation civique et morale, tandis que les compétences de base, comme les mathématiques et le français, seront enseignées en groupes plus restreints. Le gouvernement s’engage à fournir le personnel nécessaire, et Belloubet évoque des « redéploiements au sein de l’établissement ». Elle indique que les horaires d’enseignement pour la sixième et la cinquième seront adaptés à la mise en place de ces groupes, permettant de libérer des postes pour le personnel.
Le manque de personnel et les efforts de recrutement
Belloubet admet qu’il existe un déficit de personnel dans l’Éducation nationale, en grande partie dû au manque d’attractivité du métier. Pour pallier ce problème, le gouvernement entend agir sur le recrutement, le salaire à l’embauche et la formation continue. Belloubet parle des efforts déployés pour améliorer les conditions en début et fin de carrière mais reconnaît qu’il reste encore du travail à faire pour les enseignants en milieu de carrière. Sans donner plus de détails, elle affirme qu’une réflexion est en cours pour augmenter la rémunération des enseignants.