Alors qu’il reste seulement quatre mois avant les élections européennes et que la majorité n’a pas encore désigné son leader, Gabriel Attal n’a pas hésité à critiquer le Rassemblement national durant son allocution de politique générale.
Le gouvernement n’a pas encore annoncé son candidat pour les élections européennes, mais le Premier ministre a pris position contre le Rassemblement National lors de son intervention à l’Assemblée Nationale, mardi 30 janvier. À moins de cinq mois du jour du vote prévu pour le 9 juin, le parti du Président Macron est en retard de 10 points dans les sondages, derrière la tête de liste du RN, Jordan Bardella.
Gabriel Attal, à la fin de sa déclaration de politique générale, a pris une position quasiment proche d’un candidat en campagne. Il a reproché au parti de Marine Le Pen de prôner un « Frexit déguisé », en pointant comme preuve les communes dirigées par le RN qui ont renommé des rues en « rue du Brexit », comme c’est le cas à Beaucaire, dans le Gard. M. Attal a également soutenu que « l’Europe est constamment critiquée par ceux qui, incapables de gouverner un pays, souhaitent démanteler un continent ». Après avoir entendu les arguments des partis d’opposition, le Premier ministre s’est attaqué aux « contradictions flagrantes » du RN au Parlement européen, s’interrogeant même si leurs députés européens comprennent ce pour quoi ils votent. Toutefois, ces propos n’ont guère ému le RN, un des leaders du parti proche de Marine Le Pen a simplement rétorqué : « Si c’est ça, les arguments de la campagne, on n’a pas de soucis à se faire. ».
Le rôle de Jordan Bardella
Que Gabriel Attal vise le Rassemblement national n’est pas surprenant. Le parti macroniste avait prévu ce duel à distance entre le Premier ministre et Jordan Bardella. Le but de Gabriel Attal est de « rétablir la situation face au RN », explique un membre de Renaissance. « On ne va rien céder au RN pendant la campagne et Attal jouera un rôle clé dans cette stratégie », ajoute un autre.
La planification de la majorité présidentielle s’articule sur trois axes : le Président Emmanuel Macron s’occupe des grandes questions internationales, le Premier ministre se consacre à la sphère nationale, tandis que le futur chef de liste s’occupera de l’action locale et de la mobilisation électorale. Ce chef de liste, qui devrait être annoncé mi-février, ne pourra être désigné qu’une fois le gouvernement entièrement formé, ce qui devrait être le cas dans les jours à venir. Des noms sont déjà évoqués comme candidats possibles, dont l’ancien ministre Julien Denormandie, la nouvelle dirigeante du groupe Renew au Parlement européen, Valérie Hayer, ou l’ancien ministre de l’Industrie, Roland Lescure. La campagne est déjà prête avec le slogan « Besoin d’Europe », il ne manque plus que le visage du candidat.