Lundi soir, à la place Beauvau, le ministre chargé des questions d’intérieur accueille les dirigeants corses à un repas. Le focus des échanges sera sur la modification constitutionnelle concernant l’autonomie de la Corse.
Un dîner décisif pour débattre de l’autonomie corse
Le lundi 26 février, Gilles Simeoni, le président aux tendances autonomistes de la Corse, participera à un dîner organisé par le ministre de l’Intérieur avec une équipe de députés. En fin septembre dernier, le président de la République, Emmanuel Macron, avait octroyé six mois aux dirigeants locaux pour accepter les modifications de la Constitution afin d’officialiser l’autonomie corse. Gérald Darmanin, impacient, a décidé de prendre les devants. Dans un entretien récent accordé au quotidien Corse matin, il a exprimé son « irritation sobre et justifiée » face au manque de prise de position écrite par les élus corses, annonçant qu’il serait proposé lors de ce dîner une réforme constitutionnelle portant sur l’autonomie de la Corse. Ce dernier détail a fait réagir certains dirigeants corses.
Le discours annonçant une pression supplémentaire a été mal reçu. Gilles Simeoni a déclaré dans La Tribune Dimanche du 25 février : « Ce n’est pas à Gérald Darmanin de nous dicter notre conduite ». Un élu corse, mécontent de ce qu’il considère comme une ingérence, a lancé : « Ce que fait Darmanin est inacceptable, il n’a pas le droit de se mêler de nos affaires. » Cependant, d’autres comprennent que le gouvernement doit intervenir, car c’est à lui de plaider en faveur de l’autonomie corse devant le parlement, et ce, malgré une Assemblée nationale sans majorité absolue et un Sénat majoritairement à droite.
Un message fort
Bien que quelques-uns aient contesté cette attitude, l’interview de Gérald Darmanin a eu un impact. Lors de leur arrivée à Beauvau, la délégation corse présentera une déclaration solennelle élaborée lors d’une journée de négociations à Ajaccio entre diverses factions. Les représentants corses ont convenu de demander « la reconnaissance constitutionnelle d’une communauté insulaire spécifique, avec une histoire, une langue, une culture propres et un lien fort et unique avec son territoire : la Corse ». Parallèlement à cette reconnaissance, on évoque un statut de résident (qui conditionnera l’acquisition de biens sur l’île) et un statut pour la langue corse, avec la mise en place d’un « bilinguisme véritable ». Ils demandent en outre une « autonomie fiscale » pour l’île.
En revanche, aucun accord n’a pu être trouvé au sujet du transfert de pouvoirs législatifs à l’assemblée de Corse, sans toucher aux compétences régaliennes. Pour Gilles Simeoni, « il n’est pas d’autonomie sans pouvoir législatif ». La droite locale reste opposée à cette idée. Un élu résume ce débat : « Nous ne sommes pas prêts à légiférer en Corse ». Finalement, même si les choses avancent, le gouvernement n’a pas encore reçu le texte final qu’il attend. Un proche de Gérald Darmanin a commenté : « Leur déclaration commune est un premier pas encourageant, mais ce n’est pas suffisant. » Les discussions vont se poursuivre lundi soir, lors d’un dîner sous l’égide du ministre de l’Intérieur.