Depuis ce dimanche, cet imam originaire de Tunisie est signalé, principalement en raison de ses déclarations relatives aux « drapeaux français » pendant un sermon. Gérald Darmanin mentionne avoir sollicité l’annulation de son permis de séjour.
Jérôme Bonet, Préfet du Gard, accuse l’Imam tunisien de Bagnols-sur-Cèze (Gard) d’avoir fait un « appel au mépris » dans une prédication « anti-France », qui a été largement répandue sur les plateformes de médias sociaux. Les propos tenus ont suscité beaucoup d’émotion, avec le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, demandant l’expulsion de l’Imam nommé Mahjoub Mahjoubi le dimanche 18 février. « On aborde des sujets qui défient fondamentalement nos principes et qui sont punis par la loi », a déclaré le Préfet du Gard sur 42mag.fr. En conséquence, il a fait appel au Procureur de la République. Le Procureur de Nîmes a par la suite lancé une enquête sur les accusations d’apologie du terrorisme et d’incitation à la haine, et a sollicité l’aide de la Police Judiciaire de Montpellier. Voici un récapitulatif de la controverse.
Plusieurs prêches touchés
Selon le Préfet du Gard, plusieurs prêches sont incriminés. Jérôme Bonet affirme avoir noté un « dérapage » à travers « plusieurs sermons récents », qui contiennent un certain nombre de transgressions possiblement répréhensibles.
Une prédication a fait le buzz sur les réseaux sociaux depuis le 18 février. Lors de ce sermon donné le 9 février, l’Imam a évoqué des « gouvernements en chute », « des drapeaux tricolores qui nous rongent », « qui ne valent rien pour Allah », « des drapeaux diaboliques ». Ces mots ont déclenché un tollé, y compris au sein de la sphère politique.
Selon le Préfet du Gard, Mahjoub Mahjoubi fait aussi face à d’autres accusations. D’après une source proche, un sermon prononcé une semaine avant, le 2 février, pose aussi un problème. Les propos de l’Imam en arabe ont été traduits par les services de renseignement. Le Préfet rapporte également les thèmes des femmes et de la population juive, perçus comme l’ennemi, dans ces deux sermons. Le parquet de Nîmes a entamé une enquête sur les accusations d’apologie du terrorisme et d’incitation à la haine.
Surveillance de l’Imam depuis octobre
La surveillance de l’Imam a débuté le 3 octobre 2020. La mosquée Ettaouba de Bagnols-sur-Cèze est surveillée par la préfecture en raison de son accueil pour les mineurs, qui a été interrompu un mois après, le 9 novembre. La fermeture est due à deux motifs : l’absence de plan éducatif et des problèmes liés à la sécurité incendie. Deux cours, arabe et enseignement du Coran, étaient proposés à ces jeunes. Quatre enseignantes, qualifiées dans les pays du Maghreb, étaient sur place.
La préfecture a par la suite déposé deux signalements à la justice. Le premier, fait le 3 novembre, pour la gestion frauduleuse de l’entreprise Provence Villa, alors que l’Imam avait été interdit de gestion depuis 2015. Bien que sa femme ait officiellement repris les rênes, il continuait à opérer en coulisses. Le second signalement été été fait le 17 janvier, concernant la gestion administrative de la mosquée, notamment le montant du loyer versé à la mairie.
Vérité et « excuses » pour se défendre
L’Imam plaide l’innocence, attribuant les propos sur les drapeaux tricolores à une méprise. Il soutient qu’il a voulu dire « multicolores » et qu’il ne parlait que de la Coupe d’Afrique des Nations, qui avait lieu de mi-janvier à mi-février. Un gigantesque malentendu selon son avocat, Samir Hamroun, qui soutient que l’Imam mettait en garde contre les dangers du nationalisme. Quant aux allégations de propos antisémites, l’avocat réagit : « Il est inédit d’apprendre qu’il aurait tenu des propos contre nos concitoyens de confession juive. Ceci est totalement faux ».
L’Imam, lors d’un entretien le mardi 20 février sur la chaîne 42mag.fr, a fait des « excuses ». « Si j’ai blessé, si j’ai offensé, je présente mes excuses à ceux que j’ai blessés », a affirmé Mahjoub Mahjoubi. « Si j’ai touché la sensibilité de nombreuses personnes en laissant penser que j’ai insulté le drapeau français, alors que ce n’était pas mon intention, je m’excuse auprès d’eux », a-t-il ajouté.
Son avocat, Samir Hamroun, précise n’avoir reçu aucun courrier officiel notifiant l’ouverture d’une procédure d’expulsion, jusqu’à présent. Il avertit qu’il contestera la décision de l’Etat devant le tribunal administratif.