L’interprète âgée de 51 ans, ayant déposé une plainte contre les metteurs en scène Benoît Jacquot et Jacques Doillon, entre autres pour agression sexuelle, a sollicité la « famille particulière » du cinéma français à prendre la parole franchement sur la vérité des brutalités sexistes et sexuelles dans ce domaine.
« Mon souhait est de voir des mesures concrètes mises en place pour garantir la sécurité des femmes et des hommes qui travaillent dans le monde du cinéma. » Après son allocution lors de la cérémonie des César, où elle a dénoncé l’atmosphère « d’impunité, de déni et de privilèges » qui prévaut dans l’industrie du cinéma en ce qui concerne les agressions sexuelles, l’actrice Judith Godrèche demande, dans un entretien avec Le Parisien publié le soir du samedi 24 février, d’« agir » dès à présent.
« Je suis témoin d’un silence quotidien »
Vendredi soir, la salle était remplie lorsqu’elle a pris la parole. Applaudie par l’assistance, l’actrice de 51 ans a exhorte la « drôle de communauté » du cinéma français à « verbaliser » la vérité concernant les violences sexistes et sexuelles dans ce milieu. « Je m’exprime, mais je ne vous entends pas. Où êtes-vous ? » a-t-elle ajouté. Personne n’a lu son discours avant qu’elle ne parle, affirme-t-elle dans son entretien avec Le Parisien.
Godrèche est « profondément touchée par le fait que les gens se soient levés », mais estime que le temps montrera si cela reflète une vérité commune. « Si ce geste n’a pas été guidé par une réelle conviction et une véritable volonté de changement, alors rien ne se produira », prédit-elle. « Je n’ai pas besoin de flatteries, de promesses d’empathie… », ajoute-t-elle.
« Ce que je veux savoir, c’est ce que nous allons entreprendre maintenant. Mon message est clair : ‘Il est temps d’agir !' »
au Parisien
« Pour moi, la prochaine étape est de m’associer à des personnes pour réfléchir à des solutions pratiques. Je ne vais pas abandonner, même si c’est très pénible, j’accepte le sentiment de ‘trahir’ en quelque sorte la grande famille du cinéma », continue l’actrice.
« Les personnes qui m’ont envoyé des messages peuvent être comptées sur les doigts d’une main, » déclare-t-elle au Parisien. « Je ressens un silence au quotidien », ajoute-t-elle, avant de mentionner qu’elle a eu « une longue discussion » avec Justine Triet, Virginie Efira, Mona Achache et Thomas Cailley. Judith Godrèche a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques qu’elle aurait subies à l’adolescence. Elle sera par ailleurs entendue au Sénat le jeudi 29 février.