Cette semaine, Thierry Fiorile et Matteu Maestracci nous proposent de découvrir deux nouvelles œuvres cinématographiques : « La Bête » réalisé par Bertrand Bonello et « Daaaaaali ! » signé Quentin Dupieux.
Dans La Créature de Bertrand Bonello, le personnage principal est Gabrielle, une jeune femme qui aspire à travailler dans l’administration en France en 2044. Le seul moyen pour elle d’être acceptée est de se libérer de ses sentiments, émotions et des blessures de ses vies passées, ce que promet de lui offrir l’intelligence artificielle.
Elle est transportée dans le Paris de 1910, juste avant l’inondation massive de la Seine, mais aussi dans le Los Angeles des années 2010 où elle est une actrice en herbe. Bertrand Bonello s’appuie sur une nouvelle d’Henry James pour nous faire vivre un autre de ses films conceptuels, toujours sans nous perdre.
La Créature raconte de nombreuses histoires, mais se centre plus particulièrement sur une relation amoureuse contrariée et met en lumière le danger lié à une masculinité parfois toxique. L’histoire se situe dans un monde futuriste, prévu pour exister dans 20 ans, que l’intelligence artificielle gouverne, un monde qui semble déjà très familier.
Daaaaaali ! de Quentin Dupieux
Quentin Dupieux est une machine de cinéma, produisant au moins un film par an. Avec une durée de 1h18, Daaaaaali ! est presque long pour lui qui est habituellement adepte du minimalisme. Ce film met en scène six acteurs, tous jouant le rôle du génie catalan, Salvador Dali.
Il ne faut pas s’attendre à un biopic traditionnel, loin s’en faut. Dupieux focalise son histoire sur le personnage public de Dali, qui avait pris conscience dès les années 60 du pouvoir de la télévision et de la publicité. Le film suit une journaliste débutante, Anaïs Demoustier, qui tente inlassablement d’obtenir une interview exclusive de l’artiste.
Daaaaaali ! (avec six «a», comme les six acteurs jouant Dali), plonge le spectateur dans l’univers délirant de l’artiste : un prêtre qui raconte sans cesse son rêve avec Dali, une pluie de chiens, un final déroutant… Le film est très maîtrisé, comme en témoigne une scène filmée à rebours mais diffusée normalement. Mais le trop plein de Dali est le seul bémol : Jonathan Cohen et Edouard Baer surpassent largement Pio Marmaï et Gilles Lelouche, mais leur présence a été malheureusement réduite au montage.
Comme toujours chez Quentin Dupieux, l’absurde est omniprésent. Pourtant, il ne se limite pas à cela. Les deux Dali plus âgés discutent de l’insignifiance de l’artiste, de sa fin inévitable. C’est à la fois drôle, poétique et émouvant.