Durant le mois de mars de l’année 1944, plus de 70 prisonniers de guerre appartenant aux forces alliées réussissaient à s’échapper du Stalag Luft III, un camp situé en Pologne, alors sous contrôle nazi. Le film « La Grande Évasion », sorti en 1963, a largement popularisé cet événement. Toutefois, une exposition qui se déroule actuellement à Londres dévoile la réalité derrière l’histoire de ces soldats.
Le camp Stalag Luft III avait été le théâtre d’une spectaculaire évasion de prisonniers de guerre en 1944, événement qui a été porté à l’écran par Hollywood dans le film La Grande Évasion. Aujourd’hui, près de quatre-vingts ans après, une nouvelle exposition à Londres souhaite mettre en lumière la véritable aventure de ces braves militaires, suite à la mise à disposition d’archives récemment dévoilées. Entre le 23 et le 24 mars 1944, ce sont plus de 70 prisonniers de guerre alliés, qui étaient également des aviateurs, qui ont réussi à s’enfuir de ce sinistrement célèbre camp, situé en Pologne, alors sous domination nazie. Cette évasion a été le fruit de nombreux mois de labeur pour ces prisonniers, qui ont fait preuve d’innovation non seulement dans leur fuite, mais aussi dans la façon dont ils ont réussi à faire filtrer des informations à l’extérieur du camp.
Dans le film de 1963, la scène emblématique de l’évasion est celle où Steve McQueen, à moto, franchit des barbelés pour atteindre la liberté. Cependant, la réalité est bien différente, comme l’explique Will Butler, le conservateur adjoint de l’exposition qui débute ce vendredi 2 février, aux Archives nationales de Londres. Il souligne que « 76 personnes ont réussi à s’évader, mais parmi elles, 50 ont été arrêtées et exécutées par la Gestapo, » et seulement trois ont effectivement réussi à retourner en Angleterre.
Communication secrète
L’exposition intitulée Grandes Évasions : Prisonniers remarquables de la Seconde Guerre Mondiale met également en avant les techniques de communication innovantes utilisées par les prisonniers pour faire passer des informations. Parmi les tactiques les plus couramment utilisées, on trouve les messages codés. Le pilote Peter Gardner avait réussi à incorporer des informations cruciales à l’intérieur d’une photo de son co-détenu, Guy Griffiths.
Quand Gardner mentionnait Griffiths dans une lettre adressée à sa mère, il faisait en réalité passer un message codé au MI9, une organisation créée par le gouvernement britannique pour faciliter les évasions. Gardner avait habilement rédigé son message crypté en caractères très petits, nécessitant un agrandissement pour être lus, cachés sous l’image. Les messages secrets étaient généralement des demandes d’objets à introduire subrepticement dans le camp pour aider les évasions, comme des pièces de radio ou, dans ce cas, des équipements pour faire de faux documents.
Dans une lettre secrète datée de 1942, Gardner écrit : « J’ai satisfait un certain nombre de requêtes d’évasions le 5 mars, mais j’ai du mal à trouver des documents originaux à copier », « Je souhaiterais avoir un échantillon de carte d’identité d’un travailleur étranger en Allemagne. (…) Pouvez-vous me fournir de l’encre de Chine en poudre et trois plumes très fines ?« . Deux des trois évades qui ont rejoint l’Angleterre se faisaient passer pour des électriciens norvégiens travaillant en Allemagne grâce à de faux papiers.
« Évasion spirituelle »
Les lettres codées servaient également à informer le MI9 sur d’autres prisonniers susceptibles de collaborer avec les opérations d’espionnage. L’exposition présente des objets qui ont été introduits dans le camp pour aider à l’évasion, dont un jeu de cartes contenant des plans secrets et une brosse à cheveux dissimulant une carte et une scie.
Et l’exposition n’oublie pas de mentionner d’autres évasions moins connues, comme celle de 70 prisonniers allemands d’un camp au Pays de Galles, qui sont parvenus à creuser des tunnels sous trois clôtures de fils barbelés en mars 1945. Cependant, tous ont été repris. Il y a aussi eu des détenus qui ont réussi à s’« évader spirituellement » grâce à des activités variées comme le théâtre et le dessin, comme le célèbre auteur et dramaturge britannique PG Wodehouse et l’artiste Ronald Searle.
PG Wodehouse a écrit au moins un roman pendant sa détention. Searle a réalisé plus de 300 dessins de ses co-détenus au camp de Changi à Singapour et pendant ses travaux forcés sur la voie ferrée entre la Thaïlande et la Birmanie.
Exposition « Grandes évasions : Prisonniers remarquables de la Seconde Guerre Mondiale » aux Archives nationales de Londres, du 2 février au 21 juillet 2024