Il est hors de question, selon Marine Le Pen, d’être exclue d’une cérémonie de panthéonisation, un tribut monumental de la Nation, une occasion où le pays tout entier se réunit en souvenir de ses figures marquantes.
La députée du Rassemblement national ne peut être écartée de la communauté reconnaissante suite à ses efforts ces dernières années pour montrer qu’elle est une politicienne sérieuse, affiliée à un parti républicain. Marine Le Pen a volontairement évité de rendre hommage à Robert Badinter, à la demande de la famille de celui-ci. Cependant, elle refuse de se plier à la volonté du président qu’elle critique, notamment concernant l’entrée au Panthéon du résistant Missak Manouchian.
Quand Emmanuel Macron sous-entend qu’il serait préférable que le RN n’assiste pas à la cérémonie, compte tenu du combat de Manouchian, résistant assassiné par les nazis, son argument est compréhensible. Malgré sa tentative de rendre son parti plus respectable, Marine Le Pen est en effet la descendante d’un parti créé par d’anciens SS et collaborationnistes. Si son parti actuel est très différent de celui de son père, elle n’a fait que changer le nom et la méthode de son parti, sans toutefois opérer une clarification majeure. Elle n’a jamais vraiment affronté son histoire publiquement, n’étant pas une adepte de l’idée de repentance. Ce manque de mise à jour est peut-être ce qui l’empêche aujourd’hui de se débarrasser de ce passé que ses adversaires continuent à lui rappeler.
Emmanuel Macron fait preuve de flexibilité avec le protocole, un jeu dangereux
Emmanuel Macron, en tant que président de la République, doit respecter les rituels républicains, notamment la panthéonisation. La liste des invités est dictée par un décret de 1989 relatif aux cérémonies publiques. Sauf à considérer la présidente du groupe RN comme une députée de seconde zone, elle a donc droit à sa place au même titre que toutes les forces présentes à l’Assemblée. Par ailleurs, pourquoi Emmanuel Macron n’a-t-il pas exprimé aussi clairement son opposition à la présence des insoumis lors de l’hommage aux victimes du 7 octobre, ou lors de la cérémonie pour Robert Badinter, malgré les objections des familles concernées ?
En cherchant à écarter Marine Le Pen, Emmanuel Macron fait preuve d’une certaine flexibilité avec le protocole. Mais surtout, il s’expose à un risque : celui de donner à nouveau au Rassemblement national le statut de victime, comme si l’histoire n’avait pas montré à maintes reprises que lorsqu’on l’attaque ou qu’on tente de l’ostraciser, Marine Le Pen se retrouve généralement renforcée.