La précédente ministre de la Justice dans le cabinet de Philippe (2017-2020) prend désormais les rênes du ministère de l’Éducation nationale. Elle remplace Amélie Oudéa-Castéra, qui traverse une période tumultueuse depuis son entrée en fonction le 11 janvier.
Une réorganisation ministérielle polémique
Face à une série de controverses, Amélie Oudéa-Castéra se préparait à une éventuelle élimination. Nommée en tête du « super-ministère » : Éducation nationale, Jeunesse, Sports, Jeux olympiques et paralympiques le 11 janvier, elle est contrainte de laisser le secteur de l’éducation, annonce le Palais de l’Elysée le 8 février. Elle conserve uniquement la gestion des Sports, des Jeux Olympiques et Paralympiques.
Beaucoup de spéculations ont entouré un possible retour de François Bayrou, mais c’est Nicole Belloubet, ancienne ministre de la Justice (2017-2020), qui est nommée nouvelle responsable de l’Éducation nationale. Malgré les attentes, son profil n’est pas si insurmontable.
Le parcours de Nicole Belloubet
Universitaire, docteure en droit public et ancienne membre du Conseil constitutionnel, Nicole Belloubet a aussi été rectrice des académies de Limoges et de Toulouse, entre 1997 et 2005. Prenant position contre les suppressions de postes dans cette dernière académie, elle démissionne. Aujourd’hui, en 2024, le défi des postes toujours en cours devrait affecter plusieurs dizaines de postes dans l’enseignement public à la rentrée prochaine selon les éléments consultés par France info. En poste rue de Grenelle, Nicole Belloubet devra convaincre les personnels de l’Éducation nationale qui ressortent de deux grèves qu’elle prône encore pour une école publique.
Contestations liées à l’enseignement privé
De manière récurrente, Nicole Belloubet a fait preuve de son engagement envers l’éducation. En 2002, elle établi un rapport dans lequel elle formule 30 propositions pour l’avenir du lycée. Plus tard, en 2016, elle publie un article de la revue universitaire Après-demain intitulé « Supprimer le ministère de l’Éducation nationale ? ». Dans cet essai, elle critique vivement l’école privée et prône le public. C’est une vision radicalement opposée à celle d’Amélie Oudéa-Castéra, qui a essuyé des critiques pour avoir fait le choix d’une école privée conservatrice pour ses enfants et justifie ce choix par l’absence de professeurs, une déclaration contestée par Libération.
Dans le même article, Belloubet plaide également pour une augmentation de salaire pour les enseignants. Les enseignants, en effet, exigent une augmentation de la rémunération depuis longtemps et ont exprimé leur mécontentement à ce sujet lors des manifestations du mardi. Nicole Belloubet devra également aborder la question des groupes de niveaux en 6e et 5e qui doivent être établis à la rentrée 2024. Aucun texte réglementaire n’a été publié jusqu’à présent, mais les directeurs d’établissements sont déjà préoccupés par le manque de moyens pour mettre en place ces groupes.
Opposition à « la restauration de l’autorité ou le port de la blouse » en 2016
Nicole Belloubet ne partageait pas totalement l’opinion de Gabriel Attal, qui défend vigoureusement le retour de l’uniforme et l’autorité dans les classes. Elle préférait en 2016 un système éducatif plus flexible, donnant plus de temps et d’autonomie aux jeunes. Maintenant qu’elle est ministre de l’Education nationale, quelle sera sa position par rapport aux priorités du gouvernement ?
Posant une atmosphère d’équilibrage politique face à un gouvernement marqué à droite, avec des personnalités comme Rachida Dati et Catherine Vautrin ou encore Franck Riester au Commerce extérieur, l’arrivée de Nicole Belloubet est vue d’un bon oeil par Emmanuel Macron. Membre du Parti socialiste (PS) depuis 1983, elle a également été adjointe au maire de Toulouse puis vice-présidente de la région Occitanie, toujours avec une prédominance pour l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche. Toutefois, en tant que ministre de la Justice sous le gouvernement de Edouard Philippe, lors du premier mandat de Emmanuel Macron, elle avait suscité des controverses en commentant des affaires judiciaires en cours, notamment l’affaire Mila, et en réformant la justice ce qui a provoqué la colère du monde judiciaire. Suite à trois ministres différents en sept mois, les enseignants espèrent maintenant une stabilité et des mesures solides pour l’école publique.