Chaque jour, une figure célèbre fait une apparition dans l’univers d’Élodie Suigo. Ce mercredi 28 février 2024, nous accueillons l’humoriste, acteur et metteur en scène, Patrick Timsit. Il fait partie de la distribution de « Tombés du camion », un film réalisé par Philippe Pollet-Villard, qui est lancé ce jour-là.
Le parcours cinématographique diversifié de Patrick Timsit
Depuis presque un demi-siècle, Patrick Timsit nous a ravi par son talent de comédien, sa maîtrise de la mise en scène, son humour incisif et sa capacité à créer des scénarios captivants. Dès son plus jeune âge, dans la boutique de maroquinerie de ses parents, il rêvait de créer et de partager des histoires. Ses one-man-shows corrosifs et son personnage de « méchant » sur scène, lui ont permis de se distinguer. Il a laissé une empreinte indélébile dans le cinéma français grâce à des films tels que « Un Indien dans la ville » d’Hervé Palud (1994) et « Pédale Douce » de Gabriel Aghion (1996).
Le nouveau film « Tombés du camion » met en scène Patrick Timsit
Le 28 février, Patrick Timsit fait son apparition dans « Tombés du camion », un film de Philippe Pollet-Villard, basé sur son propre roman « Le naufrage de Stanislas » (Flammarion). L’histoire suit un pêcheur dont le moteur du chalutier tombe en panne. Ce bateau étant son seul moyen de subsistance, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour le remettre en état. Cependant, il se retrouvera malgré lui dans une aventure assez suspecte.
Son intérêt pour le film « Tombés du camion »
franceinfo : « Tombés du camion » est une quête romantique. Il met en scène des gens ordinaires qui sont finalement extraordinaires. Est-ce cela qui vous a attiré dans ce film ?
Patrick Timsit : C’est exactement ce qui m’a séduit. Ce sont vraiment des héros du quotidien. Le pêcheur a hérité du bateau construit par son père, qui a servi à transporter des résistants pendant la guerre. Lui, travaille dur chaque jour pour sa famille sans trouver le temps d’éduquer ses fils, créant une tension entre eux.
« Stan, le personnage que je joue, a toujours lutté pour sa famille sans jamais pouvoir le dire, car il manquait de mots pour le faire. J’ai vécu la même chose avec mon père qui vient de cette génération. Il ne disait jamais « Je t’aime ». »
Patrick Timsità 42mag.fr
Les résonnances avec son histoire familiale personnelle
Dans le film, vous faites référence à votre père. Cela fait notamment écho à votre enfance passée dans une maroquinerie à Barbès. La règle de votre mère était de ne pas aller au square.
Ma mère tenait toute seule la boutique de maroquinerie à deux pas de la place de la République à Paris, dans le boulevard Barbès. Cette zone réputée pour sa violence était donc mon terrain de jeu.
Lors d’un attentat à proximité de votre habitation à Alger, votre père a été contraint de quitter la ville.
Une bombe a explosé dans la caserne d’en face et mon père nous a dit : « Il faut faire nos valises en une heure, nous partons ».
Est-ce que ce sont ces expériences de vie, cette tolérance, cette indulgence, cette réflexion sur les raisons pour lesquelles les gens sont obligés de quitter leur pays, qui vous ont inspiré dans votre rôle ?
Tout à fait. En voyant les réfugiés de la guerre en Ukraine, j’ai réalisé que c’est exactement ce qui m’est arrivé à moi-même et à ma famille. C’est ainsi que mon père a dû partir. C’est ainsi que nous avons tous dû partir et chercher une nouvelle ville d’accueil dans le monde. C’est le même sentiment de ne pas être chez soi, de devoir rester discret qui énerve tant Stan, mon personnage dans le film.
Dans votre cas, le théâtre a été votre repère pour exprimer vos émotions et vos sentiments. Cela doit être difficile quand on a un père qui ne partage pas facilement ses sentiments.
On avait des différences d’opinions et cela a créé des tensions entre mon père et moi. Mais une fois que j’ai compris que c’était à cause de sa peur, ça m’a aidé à surpasser cette colère. Cette angoisse s’exprimait parfois violemment, mais c’était seulement un reflet de sa peur. En comprenant cela et en voyant combien il se reprochait certaines choses, j’ai pu canaliser cette colère de façon créative sur la scène.
La retraite de la scène de Patrick Timsit
Vous avez fait votre dernière prestation sur scène en décembre 2023. Comment gérez-vous ce manque de la scène, vous qui êtes né et avez grandi sur scène ?
J’ai dû consulter des médecins car je ne me sentais pas bien. Mon entourage commençait à s’inquiéter, mais ils n’ont rien trouvé d’anormal. Pourtant je sais ce qui ne va pas, c’est l’absence de la scène qui me manque.
C’est surprenant car quand je vous ai vu à cette époque, vous sembliez déterminé en affirmant que tout se passerait bien.
Et tout va bien ! Tout s’est très bien passé. Les spectateurs ne voulaient pas quitter la salle. Ils sont restés assis même une fois le spectacle terminé, ils attendaient et me criaient dessus. C’était émouvant de voir à quel point ils étaient touchés par mon départ.
« Quitter la scène, c’est comme rompre une relation amoureuse. C’est un train qui s’éloigne avec l’un des deux amants qui reste sur le quai. »
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L’enfant et l’homme : Patrick Timsit se confie
Êtes-vous fier du chemin que vous avez parcouru, de ce petit garçon qui a vendu sa première paire de chaussures à l’âge de quatre ans à l’homme que vous êtes aujourd’hui ?
Je rêve encore d’être un homme. Certaines personnes voient encore en moi ce petit garçon, mais j’aimerais parfois ne plus l’être. Cependant, je reste responsable. Donc oui, ce petit garçon est fier d’avoir acquis quelques valeurs.
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