L’événement consacré aux César, qui aura lieu ce vendredi, sera indubitablement influencé par les affaires touchant Jacquot, Doillon et Depardieu. La ministre de la Culture, dans sa déclaration à la revue « Le Film français », exprime son admiration pour les femmes qui ont récemment osé s’exprimer et qui insufflent ainsi une nouvelle vie au mouvement #MeToo en France.
Rachida Dati, Madame la Ministre de la Culture, accuse ce vendredi via la revue Le Film français un « déni généralisé et persistant pendant de nombreuses années » en ce qui concerne les violences sexuelles dans l’industrie cinématographique française. Son intervention a lieu à quelques heures de la 49ème cérémonie des César, qui se déroule vendredi soir à l’Olympia, dans un contexte de prise de conscience collective autour des violences sexuelles dans le septième art.
« Aujourd’hui, c’est tout un système qui admet son déni généralisé, un déni qui a duré des années », indique la ministre. Elle salue les récits et les démarches de Judith Godrèche. L’actrice est devenue la voix du #MeToo français après avoir déposé plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques durant son adolescence, des faits que ces derniers contestent.
L’élan de Judith Godrèche bouscule le cinéma français
Judith Godrèche « a exprimé des choses d’une manière très simple. Elle a déclaré : « J’étais une gamine. Vous avez tout vu et pourtant personne n’a réagi, personne ne m’a soutenue », se souvient Rachida Dati. « Ce n’est pas une réalité que je découvre maintenant. Ce n’est pas sans raison que j’ai choisi d’être magistrate. Je crois en la justice. Il est grand temps que ces crimes, lorsqu’ils ne sont pas prescrits, ce qui est malheureusement souvent le cas, soient sanctionnés », souligne la membre du gouvernement.
« La liberté de création est totale, mais dans ce cas, il ne s’agit pas d’art, il s’agit de pédocriminalité. Avoir une liaison sexuelle avec un mineur de moins de 15 ans est un délit », insiste Rachida Dati, pour finir : « C’est un profond bouleversement qui s’annonce pour le cinéma français. »
Judith Godrèche a porté plainte contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques datant de son adolescence. Elle est devenue une actrice clé du mouvement #MeToo en France. « Ne focalisons pas sur ma présence ou mon absence aux César, parlons plutôt des 2 990 femmes, mères et hommes qui m’ont écrit en une semaine, parlons des enfants victimes d’inceste », a-t-elle précisé sur Instagram. « Les César et moi, ça compte peu », ajoute également l’actrice, qui a dénoncé un « tabou » sur le sujet dans l’industrie cinématographique et a mis en place une adresse mail pour rassembler d’autres témoignages de victimes potentielles.