Robert Badinter s’est éteint pendant la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février. Issu d’une famille de confession juive, son père n’a jamais fait son retour des camps d’extermination. Un traumatisme qui l’affectera de manière durable.
L’année 2015 a vu l’avocat et homme politique français Robert Badinter prendre part à une cérémonie commémorative à l’occasion de la Shoah, qui a eu lieu à Paris. Descendant de parents d’origine judaïque qui ont trouvé refuge en France, il a pu constater et décrier l’augmentation notable des actes antisémites en France ces dernières années. Robert Badinter n’avait que 14 ans lors de l’arrestation de son propre père sous ses yeux, dans leur ville de Lyon, plus précisément dans la rue Sainte-Catherine. Son père fut déporté, et ne revint jamais chez lui. Durant l’année 1945, à sa quête éperdue de retrouver son père, le jeune Robert Badinter a visité à maintes reprises l’Hôtel Lutétia à Paris, qui était à l’époque un foyer d’accueil pour les survivants des camps de la mort, dans l’espoir de trouver son nom parmi les listes de rescapés.
Compagnon de lutte et ami fidèle de François Mitterrand
Selon Me Alain Jakubowicz, un avocat représentant les parties civiles lors du procès de Klaus Barbie, la compréhension des combats menés par Robert Badinter, ainsi que de sa personnalité, passe obligatoirement par la connaissance de cette blessure qu’ est la perte de son père. En effet, c’est à partir de là que tout a commencé pour lui. En plus d’être le ministre de la Justice sous la présidence de François Mitterrand, Robert Badinter était très proche de ce dernier, au point de le soutenir coûte que coûte. Par exemple, en 1992, lorsque François Mitterrand fut hué lors de la commémoration du cinquantième anniversaire de la rafle du Vélodrome d’hiver, Robert Badinter était à ses côtés pour le soutenir, faisant fi des controverses qui pouvaient toucher l’ancien président.