L’exaspération des agriculteurs ne diminue pas et lors de l’inauguration du salon de l’agriculture samedi, Emmanuel Macron a été accueilli par une pluie de sifflets. Pendant ce temps, les animaux présentés au salon se retrouvent en première ligne.
Son nom est Oreillette, elle mesure 1,56 mètre pour un poids de 800 kilos. Âgée de cinq ans, c’est une magnifique vache tricolore de Normandie qui est l’attraction principale du Salon de l’agriculture 2024. À l’instar de ses prédécesseuses Cerise, Idéale et Ovalie, elle a été méticuleusement sélectionnée par un jury parmi 190 000 autres vaches normandes, cette année l’honneur revient à cette race, pour son « regard naturellement maquillé de noir » et ses « glandes mammaires volumineuses ».
Cette année, certains ont tenté de lui faire de l’ombre, les volailles ayant choisi de « prendre leur avenir en main » en lançant une pétition en ligne pour dire « halt à l’hégémonie des vaches égéries du salon ». Ils exigent à leur tour leur moment de renommée. Mais la réalité du salon de l’agriculture est-elle vraiment divine pour ses résidents animaux ? Tandis que les 4 000 animaux du salon sont chaque année exposés à un stress considérable, le premier week-end de l’édition 2024 a été particulièrement troublé pour eux aussi. Des bovins, notamment, ont été contraints de quitter leur enclos, se retrouvant au milieu des face-à-face entre les forces de l’ordre et les agriculteurs.
Le Président Emmanuel Macron a reconnu que Oreillette avait « beaucoup de courage », lui caressant la tête depuis son enclos de paille sous des huées et des insultes comme « va-t-en », « ordure » ou « menteur » . On n’avait jamais vu un tel désordre dans l’histoire des vaches normandes.
Un système agricole au bord de l’implosion
Pourtant, Oreillette n’est pas la plus malheureuse, une chèvre présente au salon s’est retrouvée au milieu d’une échauffourée, sa propriétaire criait désespérément : « Ma chèvre ! Il y a une chèvre là », comme le montre une vidéo du journaliste Rémy Buisine.
Ensuite, il y a eu tous ces journalistes sérieusement venus demander à Oreillette son opinion sur le désordre ambiant, en plaçant leurs micros sous sa truffe, sous un flot continu de flashs, pendant que d’autres personnalités politiques venaient la caresser avec leurs promesses. Les promesses d’un futur meilleur pour ceux qui élèvent des animaux et qui sont outrés par les périodes de vaches maigres, résultat d’un système agricole épuisé et dont le salon semble avoir perdu son enchantement. Au point qu’Oreillette se demande peut-être si elle est vraiment vendue à l’idée d’en être le porte-étendard.