On se trouve à seulement un mois de la 96e édition des Oscars, prévue pour le 10 mars, et l’Académie déclare cette année comme étant « exceptionnelle ».
Un Steven Spielberg enthousiaste et effervescent a fait son entrée lundi lors du traditionnel déjeuner des candidats aux Oscars qui s’est tenu à Los Angeles. Le célèbre metteur en scène américain n’a pas tari d’éloges sur l’incroyable sélection de films en lice cette année. Chaque année, un mois avant la prestigieuse cérémonie des Oscars, les nommés sont réunis pour un déjeuner luxueux organisé dans un hôtel de Beverly Hills.
« Quelle année incroyable et variée pour le cinéma, probablement l’une des plus marquantes de la dernière décennie en termes de qualité », a confié Steven Spielberg à l’AFP, tout en dégustant du champagne et des mignardises. Le réalisateur légendaire était présent en tant que producteur de Maestro, le film biographique sur le fameux chef d’orchestre Leonard Bernstein, qui espère damer le pion à Oppenheimer, grand favori pour l’Oscar du meilleur film.
Steven Spielberg considère que Maestro est une « glorieuse victoire pour Bradley » Cooper, qui a endossé les casquettes d’acteur et de réalisateur pour ce film. Mais Maestro n’est pas le seul concurrent de taille face à la biographie du père de la bombe atomique réalisée par Christopher Nolan. Le film sera en compétition avec des films primés tels que Anatomie d’une Chute, lauréat de la Palme d’or à Cannes, Barbie, qui a fait un tabac au box-office, et d’autres œuvres cinématographiques applaudies lors des festivals, comme American Fiction, Winter Break et Past Lives.
L’ovation pour Greta Gerwig
Au cœur de cette compétition féroce, les acteurs ont laissé voir leur meilleur jour lundi. À l’exemple de Robert Downey Jr (à l’affiche de Oppenheimer), toujours prompt à lancer une blague pour détendre l’atmosphère alors que la traditionnelle photo de groupe prend du temps.
Les deux prétendantes pour l’Oscar de la meilleure actrice, Emma Stone (Pauvres Créatures) et Lily Gladstone (Killers of the Flower Moon), ont eu une longue conversation avant de s’embrasser chaleureusement. Malgré la polémique entourant l’absence de Barbie dans les catégories de la meilleure actrice et du meilleur réalisateur, Margot Robbie et la réalisatrice Greta Gerwig étaient présentes. Greta Gerwig, nommée pour son scénario, a été chaudement applaudie par ses pairs, tandis que Margot Robbie, habillée tout en rose, était le point focal des photographes.
« Cela peut devenir assez agité », a déclaré en plaisantant à l’AFP la chanteuse Billie Eilish, alors que d’autres célébrités lui demandaient des selfies. Sa chanson « What Was I Made For ? », écrite pour Barbie et couronnée chanson de l’année aux Grammy Awards, est aussi en lice pour un Oscar. Au milieu de ces personnalités éminentes, un outsider, Messi, le fidèle chien du film Anatomie d’une Chute, accompagné de la réalisatrice Justine Triet, a fait sensation et a su conquérir le cœur du public.
« Faire bouger les choses »
Janet Yang, présidente de l’Académie, a salué « une année prodigieuse pour le cinéma » et a mis en exergue la pluralité des nommés, toute nationalité confondue avec des votants provenant de 93 pays différents.
Au-delà du glamour, ce déjeuner a également permis de revenir sur le contexte tumultueux de notre époque, marqué par la résurgence des conflits armés et l’émergence de dictatures, grâce à la catégorie documentaire. Parmi les invités de marque, la présence de l’ougandais Bobi Wine, toujours coiffé de son éternel béret rouge, était remarquable.
Ce chanteur connu, dont la campagne présidentielle de 2021 a été sévèrement réprimée, fait l’objet d’un documentaire, Bobi Wine, the People’s President, qui est maintenant nominé. Se voir décerner un Oscar le mois prochain pourrait « changer la donne », a-t-il confié lors d’une récente interview à l’AFP. « Ni les États-Unis ni l’Union européenne ne pourront plus feindre d’ignorer la situation en Ouganda ».
Pour espérer obtenir l’Oscar du meilleur documentaire, le film devra surpasser notamment 20 jours à Marioupol, récit des atrocités de l’invasion russe en Ukraine. « Il ne suffit pas de faire des films et de survivre. Il est crucial d’en parler », a souligné à l’AFP Mstyslav Chernov, réalisateur du film. « La situation en Ukraine est largement méconnue. »