Depuis que Nicole Belloubet a pris les commandes du Ministère de l’Éducation nationale, les organisations syndicales d’enseignants soulignent un changement dans la vision du gouvernement sur la discutée disposition des futurs groupements par niveau.
La controverse autour des futurs groupes de niveau dans l’enseignement scolaire
Un sujet passionné dans le milieu de l’éducation porte actuellement sur l’introduction prochaine des groupes de niveau en mathématiques et en français, à partir de septembre 2024. Cette réforme, qui fait partie du paquet de mesures lancées en décembre dernier par Gabriel Attal en vue d’améliorer le niveau des élèves, rencontre une résistance de la part de nombreux enseignants. Nicole Belloubet, responsable du ministère de l’Éducation nationale, semble pour sa part hésiter sur la question.
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Depuis que Gabriel Attal a présenté les « groupes de niveau », la polémique est vive. Ces groupes seraient formés sur la base des résultats aux évaluations en début de collège et les élèves seraient répartis en trois catégories: haut niveau, niveau moyen, et ceux avec des difficultés. Cette réforme impacterait tous les cours de mathématiques et de français, pour les 6e et 5e, et limiterait théoriquement à 15 le nombre d’élèves par groupe pour ceux ayant des difficultés.
Une opposition féroce du Conseil supérieur de l’Éducation
Les enseignants sont montés au créneau car nombreux sont ceux qui pensent que cette nouvelle organisation serait inefficace pour ceux qui peinent le plus. De plus, ils soulignent un possible risque de ségrégation, pouvant engendrer une accumulation des difficultés. Sans parler des ressources additionnelles nécessaires pour mettre en place ces petits groupes. En dépit des promesses du ministère de mettre à disposition des postes supplémentaires, le personnel de l’éducation insiste sur le fait que cela ne suffira pas et qu’il sera nécessaire de faire des coupes dans d’autres services actuels, comme les demi-groupes en langues, en sciences, ou même le latin.
Les vagues de grève qui ont eu lieu en début février ont démontré l’énergie de l’opposition à ce projet. Le Conseil supérieur de l’Éducation, dont les membres comprennent tous les acteurs de l’éducation, a voté contre de manière unanime il y a dix jours.
Nicole Belloubet, bien que loyale à son Premier ministre, donne des signes de fébrilité. Effectivement, elle utilise rarement l’expression « groupes de niveau », préférant le terme plus vague de « groupes ». Ce détail est significatif. De plus, certaines de ses interventions sur le sujet restent floues. Réaffirmant l’importance des classes hétérogènes, argument bien connu des syndicats, elle déclare « il n’y aura pas de groupes de mauvais et de bons, mais la possibilité pour chaque classe de prendre en charge des élèves en groupe ».
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Le syndicat est pleinement conscient de cette hésitation. « On perçoit qu’elle est dans une impasse et qu’elle cherche une issue », a confié une déléguée à Franceinfo. Audrey Chanonat, principale d’un collège à Cognac, en Charente, et membre du SNPDEN, syndicat majoritaire parmi les chefs d’établissement, a fait le même constat. Elle note une évolution comparé à il y a trois semaines et exprime un espoir de voir les choses tourner en faveur de l’éducation.
Une solution qui pourrait être envisageable serait de former des groupes de besoins spécifiques autour d’une notion particulière, telle que les fractions, plutôt que de les maintenir toute l’année ou tout le trimestre. Autre idée : des groupes hétérogènes où les élèves les plus avancés pourraient aider les plus faibles. Nicole Belloubet a affirmé qu’elle mène des consultations sur ce sujet délicat et qu’elle fera des annonces d’ici une semaine.