L’introduction de robots à l’apparence humaine dans les industries a fait l’objet de nombreuses discussions. Les entrepôts d’Amazon abritent déjà des robots de forme humaine et BMW vient de faire savoir qu’il mène des expérimentations dans ses propres installations. À ce jour, la majorité des difficultés technologiques liées aux robots humanoïdes ont été surmontées.
Des soubresauts technologiques chez BMW : une invasion d’androïdes dans leurs usines en gestation
Mathilde Fontez, éditrice en tête du journal Epsiloon, spécialisé en sciences, offre sa perspective sur l’évolution technologique prévue par BMW. L’idée même de voir déambuler des robots humanoïdes dans les usines de la firme a été révélée il y a peu.
BMW prévoit-elle réellement d’introduire des robots humanoïdes dans son processus de production ?
Mathilde Fontez :
En effet, l’hypothèse peut paraitre être une simple manœuvre publicitaire. Jusqu’à présent, nous avions tous convenu d’une norme générale selon laquelle les robots à allures humaines n’avaient probablement pas leur place dans le processus de fabrication. D’une part, les robots, dotés d’une seule paire de bras automatisés, s’avèrent suffisamment compétents pour effectuer le travail. D’autre part, l’idée d’un robot bipède, capable d’interagir avec l’homme, semblait encore irréalisable techniquement.
Est-ce que des avancées techniques ont été faites pour renverser cette perception ?
Les progrès sont indéniables, comme tous les experts du domaine robotique le constatent. Ceci est le fruit d’un effort collectif entre des chercheurs français et l’Institut Japonais des Sciences et Technologies Industrielles, particulièrement pour le secteur de l’aviation.
Une démonstration en 2019 à l’usine Airbus de Saint-Nazaire a marqué les esprits : pour la première fois, des humanoïdes ont réussi à marcher, monter des escaliers, se baisser près de l’assemblage d’un A350 et à y rajouter une pièce. Derrière cette réussite, on retrouve l’apport de l’intelligence artificielle avec la possibilité d’entraîner les robots par des simulations ainsi que la montée en puissance de leurs capacités de calcul pour leur permettre de réagir de manière adéquate.
Mais ce n’est pas tout, de nouvelles avancées mécaniques ont été significatives comme le développement de nouveaux moteurs issus de drones qui offrent des mouvements plus précis et dynamiques. C’est grâce à ces moteurs que les robots n’ont plus de problèmes d’équilibre : le robot ne chute plus et rebondit en cas de collision. De plus, les robots ont acquis plus de finesse, ils peuvent désormais manipuler un objet sans l’endommager.
Mais pourquoi aurions-nous besoin de robots humanoïdes plutôt que de robots sur roues ou à quatre pattes ?
Un humanoïde est idéalement conçu pour évoluer dans un environnement humain sans avoir besoin de le modifier. En effet, notre environnement est aménagé pour nous accomoder, il était donc logique pour les ingénieurs de concevoir un robot à formes humaines, la forme la plus adaptée et polyvalente. En outre, la silhouette humanoïde a un caractère attirant et s’inscrit dans l’imaginaire de la science-fiction. La véritable question est de savoir si ces robots seront efficaces et rentables dans un contexte industriel. Quoi qu’il en soit, ils sont en route : Agility Robotics a récemment annoncé une capacité de production annuelle de plus de 10.000 robots humanoïdes.
En outre, pour appuyer cette avancée massive, le ministère chinois de l’industrie et de la technologie de l’information considère la robotique humanoïde comme une priorité nationale avec un objectif de production de masse d’ici 2025.