En sa tendre enfance, Christine Angot a subi des agressions incestueuses de son père. Un traumatisme terrible qu’elle partage avec sa fille, Léonore Chastagner. Se retrouvant face au mutisme de ses proches, elle, en tant qu’auteure et cinéaste, a décidé d’exposer son histoire dans le documentaire intitulé « Une famille ».
Le sentiment de « honte » est omniprésent lorsque Christine Angot évoque le traumatisme de l’inceste subi par son père quand elle était enfant. « Je suis envahie par la honte lors de ces épisodes traumatisants. Lors de son premier baiser sur ma bouche. Lorsque je ne parviens pas à en parler à ma mère après. Lorsque je trompe ma camarade d’école. Lorsque je rencontre des garçons et que j’ai honte à l’idée qu’ils puissent percevoir ce fait traumatisant, etc. », précise l’auteure et réalisatrice. Elle a réalisé depuis que cette honte qu’elle ressent n’est pas la sienne mais celle de son père, qui « ne l’éprouve pas ». « Il faut bien que quelqu’un endosse cette honte. Cette culpabilité portée par les victimes d’inceste est difficile à supporter, mais elle assure que quelqu’un dans notre société ressente la honte de cet acte répréhensible », affirme Christine Angot.
« La honte que je ressens, est-ce que c’est la mienne? C’est celle de mon père, lui qui n’éprouve pas ce sentiment »
« L’inceste est souvent un secret de famille, une chose tue. Ce n’était pas le cas dans ma famille. Le sujet a toujours été mentionné. Le terme « inceste » a toujours été présent dans ma vie », rapporte Léonore Chastagner, artiste et fille de Christine Angot. Elle admet : « Même si personnellement, je n’ai pas été victime d’inceste, je me suis récemment rendu compte que je portais en moi ce sentiment de honte, bien qu’il semble ne pas avoir de raison d’être. Au final, le fait que mon grand-père ait fait ça à ma mère, cela me concerne aussi ». Devant le mutisme d’une partie de son entourage, Christine Angot a choisi de partager son expérience traumatisante dans son documentaire « Une famille ».