La ministre de l’Education nationale a déclaré, vendredi, qu’une unité mobile scolaire serait mise en place pour garantir la sûreté dans les écoles. Cependant, cette proposition suscite des opinions divergentes parmi le personnel.
Les établissements scolaires sont de plus en plus soumis à plusieurs types de menaces tels que des attaques sur leurs espaces numériques par des hackers, des actes de violences à l’encontre des enseignants ou des directeurs d’établissements. Face à la recrudescence de ces phénomènes, l’école est parfois malmenée. Vendredi 29 mars 2019, dans le cadre d’une visite dans un lycée de Bordeaux qui a été lui-même la cible d’attaques récemment, c’est devant cette situation que la ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet, a décidé de prendre position. A cette occasion, elle a annoncé deux mesures majeures. La première stipule que désormais, en cas de plainte d’un enseignant ou d’un établissement liée à des actes de violence ou de cyberattaques, l’Etat deviendra automatiquement partie civile. La deuxième mesure concernera la création d’une unité mobile scolaire à partir de la prochaine rentrée scolaire. Face à ces déclarations, les avis sont partagés.
Devant un établissement scolaire du 15ème arrondissement de Paris, les propos de la ministre ont surpris positivement les professeures de français et d’anglais qui ont déclaré : « Jusque-là, on est seuls face à cette situation. C’est donc avec joie que nous accueillons l’aide de l’Etat ». Parmi les deux décisions annoncées par la ministre, c’est le soutien juridique qui convainc davantage ces deux enseignantes, elles considèrent ce soutien comme étant symbolique mais indispensable : « Nous sommes soulagées de savoir que l’Etat soutiendra désormais notre cause. Ce soutien rendra notre travail quotidien plus sûr. Porter plainte est toujours un processus compliqué. Donc être accompagné par le directeur de l’établissement ou un collègue est un plus. Si on ajoute à cela le soutien de l’Etat, il est certain que nous ne pouvons que l’accepter ».
« C’est un combat quotidien »
Dans cet établissement, aucun incident majeur n’a été rapporté récemment, cependant, ces enseignantes constatent que l’ambiance se dégrade, notamment sur des questions relatives à la laïcité : « C’est une préoccupation constante pour nous et nous devons y faire face quotidiennement en rappelant constamment les règles, les définitions et l’importance du respect en toutes circonstances ».
En ce qui concerne l’unité mobile, qui se compose d’environ vingt agents et sera déployée dans les établissements confrontés à des difficultés, cette initiative ne semble pas convaincre les enseignantes : « Le système ne semble pas assez rapide. On aurait besoin d’un système très simple et très réactif, ce qui ne semble pas être le cas jusqu’à présent. »
Pour Marie et Matthieu, qui sont surveillants, évoquent le risque que ce genre d’intervention rende les relations avec les élèves plus tendues : « Je ne vois pas du tout quel pourrait être l’intérêt d’une intervention de ce genre. Cela ne pourrait qu’aggraver la situation. Notre rôle à nous, en tant que surveillants, est d’essayer de créer quelque chose de positif. Déjà que les élèves nous voient comme des policiers et cela rend les choses compliquées. » Selon eux, la mise en place de mesures répressives n’est pas la bonne approche, ils estiment également que le gouvernement fait une promesse en l’air. Pour eux, tous les postes vacants devraient être pourvus avant de mettre en œuvre de nouvelles initiatives.