Dans les couloirs, l’ex-chef du gouvernement tente d’évaluer son appréciation publique, n’hésitant pas à exagérer son attitude joviale et conviviale.
Déambulation d’Édouard Philippe au Salon de l’agriculture
Édouard Philippe, l’ex-Premier ministre qui oriente actuellement ses préparatifs en direction de l’élection présidentielle de 2027, multiple ses apparitions. Le jeudi 29 février, il était observable dans les volleyées du Salon de l’agriculture qui se tient porte de Versailles, à Paris. Un instant clé lui permettant d’évaluer son degré de popularité après une absence de presque quatre ans après son départ de Matignon.
Après la fin de la matinée, Édouard Philippe, affable, s’est confiné peu de temps dans l’espace réservé aux Outre-mer. Dès le lever du jour, il marque une pause chaque fois qu’on l’interpelle, dégageant une image à la Chirac tout en restant fidèle à sa formation de disciple de Juppé. S’il est question d’ « un petit mojito, exclusif, fabriqué à la main et sans alcool évidemment », Philippe, sur un ton enjoué, répond : « sans alcool ? » avant d’accepter la proposition. À l’opposé de l’empreinte tumultueuse laissée par la visite d’Emmanuel Macron, l’édile du Havre affiche, sans effort, son goût pour la découverte. Malgré l’étiquette d’ancien haut fonctionnaire de la république, parfois qualifié de « technocrate distant », il ne s’interdit pas de déguster les divers délices qu’on lui présente.
Malheureusement, la mémoire collective s’estompant, une femme l’a pris pour « Édouard Balladur » lorsqu’elle a croisé sa route. Pourtant, trois années et demi se sont écoulées depuis son départ de Matignon. « Je ne sais pas qui c’est », précise ladite dame. « Moi non plus », surenchérit un homme. « C’est peut-être un député ou quelque chose du genre, non? » Lorsque la véritable identité de Philippe lui est révélée, l’homme se ravise en ajoutant « ah oui d’accord, j’ai eu du mal à le reconnaître sans sa barbe [qu’il ne porte plus] ».
Distinctions subtiles entre Édouard Philippe et Emmanuel Macron
Pour le reste, l’accueil est bienveillant sans excès, ponctué par des poignées de main et des selfies. Néanmoins, l’ancien Premier ministre peut être perçu par certains comme étant trop proche d’Emmanuel Macron. Pour un visiteur du Salon, « c’est l’héritier. Le fait qu’il soit là, c’est logique, c’est attendu ». Pourtant, Édouard Philippe s’efforce par petites touches de marquer sa différence. Une différenciation qui reste trop discrète pour Jacques, un visiteur originaire de Charente-Maritime : « Il doit montrer sa vraie nature », confie celui qui pourrait être séduit par Marine Le Pen. « Par rapport à ce qu’il a accompli en tant que maire du Havre, il doit pouvoir dévoiler une autre facette de sa personnalité et prendre position sur les sujets d’actualité. »
Édouard Philippe, pour sa part, ne cherche pas à se distinguer excessivement du président actuel. « Je m’efforce de ne pas trop commenter la vie politique et je compte bien continuer dans cette voie. Je ne donne de leçon à personne, rassure l’ancien Premier ministre. Je suis conscient que c’est difficile, mais il me semble important de pouvoir simplement dire ce que je pense. » Concernant la question des prix minimum pour les agriculteurs proposés par Emmanuel Macron, par exemple, le maire du Havre a préféré ne pas trop critiquer le président, se contentant d’indiquer qu’il « souhaitait davantage de précisions ».