Au cours de la période électorale pour les élections européennes, une affiche a fait surface sur les médias sociaux, exposant le visage du leader de la liste Renaissance, avec le message, « Un impôt européen est nécessaire. » Cet élément visuel est inexact, il n’émane pas de son équipe de campagne. Selon nos renseignements, cet envoi proviendrait plutôt de l’équipe du Rassemblement national.
Au coeur de la bataille pour les élections européennes, une affiche a récemment émergé sur les plateformes en ligne. Elle met en scène la candidate en tête de liste de la majorité présidentielle, Valérie Hayer, les yeux fixés vers l’azur avec ce leitmotiv clairement imprimé : « Il nous faut un impôt européen ». Les réactions sur le web ne se sont pas fait attendre : « Cela donne envie de soutenir Renaissance », se moque un internaute, tandis qu’un autre déclare : « Avec la macronie, on ne fait qu’ajouter des taxes et des impôts pour financer l’Union européenne fédéraliste ». Alors, est-ce une vraie affiche et quelle est son origine ?
« Il nous faut un impôt européen. Le 9 juin, nous n’aurons pas besoin de la France. »
C’est en essence le message de Valérie Hayer, candidate en top de liste de Renaissance pour les élections européennes.#Européennes2024 #RenewEurope #Macronisme #VivementLe9Juin pic.twitter.com/Yw2ysF5kHB— Gauthier Bouchet (@GauthierBouchet) 5 mars 2024
Un visuel trompeur, pur produit de la « contre-attaque numérique », confesse un membre du RN
Cet image est truquée, ce n’est pas une affiche de campagne de Valérie Hayer. Son staff l’a confirmé à 42mag.fr. D’ailleurs, le logo de Renaissance est absent et en bas est inscrit « le 9 juin, nous n’aurons pas besoin de la France », phrase qui s’apparente à une parodie. Mis à part cela, l’affiche semble crédible, et peut tromper un internaute lors de son défilement sur les réseaux sociaux. C’est donc fallacieux.
Ce montage a été notamment relayé par des élus ou sympathisants du Rassemblement national. Cependant, les équipes de campagne de Jordan Bardella, candidat du RN aux européennes, se sont assurées auprès de 42mag.fr que ce photocollage ne provenait pas de chez eux. Étonnamment, selon nos renseignements, plusieurs affichent similaires ont été expédiées à des membres du RN, par une section interne de l’équipe de campagne. « Cela parait réel au premier coup d’œil, on peut le qualifier de contre-attaque numérique », nous rappelle un membre du parti.
Assurances de l’équipe de Valérie Hayer qu’elle n’a jamais conçu un « impôt européen »
Depuis quelques jours, sur les plateformes sociales ou les émissions télévisées, des membres du Rassemblement national ne cessent de répéter que Valérie Hayer veut instaurer un « impôt européen ». « Valérie Hayer est clairement favorable à un impôt européen, cela menace les Français », a déclaré mardi sur LCI le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy. « Les Français n’ont pas besoin d’un impôt européen », écrit de son côté le porte-parole du RN, Julien Odoul, sur X, en référence au slogan des macronistes, « Besoin d’Europe ».
Le staff de campagne de Valérie Hayer répond que la candidate n’a jamais envisagé de créer un « impôt européen ». L’eurodéputée a certes été co-rapporteuse d’un rapport concernant les ressources de financement de l’Union européenne. Et à ce titre, comme mentionné dans cette note, elle a soutenu « une taxe juste aux frontières », à l’intention des entreprises hors Union européenne, « une fiscalité des cryptomonnaies », une « taxe GAFA » visant les monstres du digital et également une « harmonisation des assiettes de l’impôt sur les sociétés au sein de l’Union européenne », dans le cadre de la directive BEFIT, adoptée par la Commission européenne le 12 septembre dernier. Il ne s’agit pas ici d’un nouvel impôt, qui serait perçu par l’Union européenne et prélevé sur les revenus de tous les Européens.
Évoquer un « impôt européen », une simplification
À strictement parler, l’Union européenne n’a pas le pouvoir de créer un impôt : ce n’est pas à elle de collecter les impôts, comme c’est exposé dans cette note de l’Observatoire français des conjonctures économiques. Donc parler d’un « impôt européen » est une simplification. Cependant, l’Union européenne peut mettre en place, sous certaines conditions, une unification de la fiscalité à l’échelle européenne, ou instituer des taxes, récoltées par tous les États membres, qui contribuent à l’Union européenne. Des mesures critiquées par ses adversaires, qui crient à une forme d’Europe « fédéraliste ».