Le gouvernement, qui pendant une longue période était réticent à utiliser le terme rigueur, est revenu sur sa position. C’est le Premier ministre lui-même qui a replacé ce mot au centre du débat ce mardi. Dans les allées du pouvoir, plusieurs tentent de comprendre ce changement de cap inattendu.
Le Premier ministre Gabriel Attal a surpris en utilisant le terme « sévérité » à deux reprises lors de son discours devant l’Assemblée nationale, un mot généralement évité ou même considéré comme tabou. Il semble donc que le gouvernement, avec le ministre de l’Économie en tête, prépare les esprits depuis quelques semaines à un resserrement budgétaire. Cette révélation faite par Gabriel Attal vient briser un interdit de longue date.
Cependant, malgré l’utilisation de ce terme devant l’Assemblée, le gouvernement a rapidement tenté de minimiser son importance, insistant que cela ne siginifie pas une politique d’austérité. Il est évoqué une référence à l’ère de Pierre Mauroy en 1983, quand la politique économique a radicalement changé après les premières élections de François Mitterrand.
On affirme que le fait de vouloir être rigoureux et sérieux dans la gestion des dépenses publiques ne presage pas l’application d’une politique d’austérité. Déjà, 10 milliards d’euros de réductions budgétaires ont été décrétées mi-février pour le budget 2024, mais des économies supplémentaires sont prévus pour cette année, selon Bruno Le Maire, ministre de l’Economie. Il a également déclaré qu’au moins 20 milliards d’euros d’économies supplémentaires sont prévues pour 2025.
Une nation « accro à la dépense publique »
En interne à Bercy, on reconnaît que même en annonçant une réduction supplémentaire de 10 milliards d’euros alors que les dépenses publiques atteignent plus de 1 500 milliards, on ne peut toujours pas parler de rigueur. Gabriel Attal s’efforce de familiariser les Français avec l’idée des sacrifices à venir. Se référer à la rigueur dans un pays « accro aux dépenses publiques », selon un conseiller, c’est préparer les Français à accepter de futures mesures, dont de nouvelles restrictions sur l’assurance chômage, des décisions concernant d’autres coupes budgétaires et des modifications possibles de la politique fiscale.
Malgré l’insistance du gouvernement à dire qu’il ne veut pas augmenter les impôts, on ressent une pression croissante, y compris parmi la majorité, pour revoir certaines exemptions fiscales, réévaluer certaines aides aux entreprises ou même imposer une taxe exceptionnelle sur les entreprises qui réalisent des profits considérables. Un ministre a avoué que la peur d’un « coup de rabot » hantait beaucoup de personnes, y compris au sein du gouvernement.
En apparaissant au 20 heures, Gabriel Attal s’invite dans les foyers français. Il a osé parler de « rigueur », il doit maintenant rassurer la population.