Selon l’administration, une expansion économique plus limitée et un manque à gagner plus conséquent que prévu impliquent que l’effort d’économie à accomplir sera deux fois plus important que ce qui était initialement projeté.
Il semblerait que la santé économique de la France ne soit pas aussi solide que prévu, avec une croissance à la traîne des pronostics initiaux. Le 18 février dernier, le gouvernement a revu à la baisse ses prévisions de 1,4% à 1%, surpassant ainsi largement les 4,9% de déficit prévu pour 2023. Les autorités avaient déjà anticipé la nécessité de réduire les dépenses budgétaires, mais le remède s’avère finalement plus amer et la compression fiscale plus considérable.
Tel que révélé par Bruno Le Maire, les 10 milliards d’euros de crédits supprimés cette année ne constituent qu’une première vague de coupes, d’autres réductions de dépenses seront inévitables. En effet, Thomas Cazenave, ministre délégué au budget, a indiqué le mercredi 6 mars que ce chiffre pourrait grimper à 20 milliards d’euros d’ici à 2025.
À ce jour, les secteurs d’où proviendront ces importantes économies demeurent flous, on sait simplement que le gouvernement cherche partout. Les chiffres avancés laissent supposer des coupes dans le budget de l’État, qui représente près de 30% des dépenses publiques totales, ainsi qu’au sein de la Sécurité sociale. Tous les postes de dépenses sont examinés, entre autres les aides sociales et la santé (comme les affections de longue durée). L’assurance-chômage est également dans la ligne de mire. Le gouvernement ne fait pas mystère de son intention d’économiser et il fait pression sur les partenaires sociaux actuellement en pourparlers sur l’emploi des seniors.
A contrario, la sécurité et la défense semblent être des postes de dépenses intouchables. En outre, l’État n’envisage pas d’augmenter les impôts, même pour les plus fortunés, au vu du taux de prélèvements parmi les plus élevés en France.
Le danger d’amplifier le ralentissement économique
Cependant, certains experts économiques, dont Olivier Blanchard, attirent l’attention sur les potentielles répercussions de ces coupes budgétaires. Olivier Blanchard, qui enseigne à l’école d’économie de Paris et a été économiste au Fonds monétaire international (FMI), estime que ces coupes budgétaires tombent à un mauvais moment. Bien qu’il admette que l’État français vit au-delà de ses moyens, il explique dans une interview donnée au journal le Monde que les compressions budgétaires draconiennes, appliquées pendant une phase de ralentissement économique, peuvent empirer la situation. De plus, étant donné les défis actuels (la transition écologique, les conflits sur le seuil même de l’Europe), Olivier Blanchard avertit « qu’il faut se préparer à soutenir davantage l’économie, même si cela signifie un déficit plus conséquent pour une période ».