Depuis un certain nombre de semaines, les dirigeants insistent sur l’importance de redresser la situation financière de l’état. En réponse aux anticipations de croissance qui ont été corrigées à la baisse, le but est de réduire le déficit à 3% du PIB pour l’année 2027, qui sera un moment de vote crucial.
La tâche de réduire le déficit de la France à 3% de son PIB s’avère de plus en plus ardue, à mesure que l’horizon économique français prend un tour plus sombre. Le mercredi 13 mars, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a de nouveau abaissé les prévisions de croissance, les ajustant à 0,8 % pour l’année 2024. La veille, c’était au tour de Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, de plaider pour une diminution conséquente de 50 milliards d’euros des dépenses publiques sur une période de trois ans.
Le programme d’austérité décidé fin février par le gouvernement français, prévoyant une réduction budgétaire de 10 milliards d’euros, paraît déjà nettement insuffisant. Le ministère de l’économie envisage donc un ajustement budgétaire pour l’été, suivi de nouvelles économies d’au moins 20 milliards d’euros dans le budget l’année 2025.
L’impact du front national sur la crédibilité économique
Les implications financières risquent d’être significatives. Fin 2024, le déficit sera bien supérieur aux 4,9% du PIB anticipés initialement par le ministère de l’économie. Néanmoins, les conséquences politiques pourraient être encore plus lourdes. Avec une croissance en berne et des recettes fiscales en diminution, le débat sur l’augmentation des impôts pourrait refaire surface, y compris parmi les tenants de la gauche de la majorité. Bien qu’Emmanuel Macron et Bruno Le Maire refusent d’aborder le sujet, même Alain Minc considère désormais ces augmentations comme inévitables… Par ailleurs, avec un taux de chômage en hausse, la crédibilité de la politique économique du gouvernement va être mise à l’épreuve.
Le gouvernement a donc beaucoup en jeu, car sa crédibilité est un de ses principaux atouts pour contenir l’avancée de Marine Le Pen en vue de l’élection présidentielle 2027. Le programme du parti politique d’extrême droite est très dispendieux et jusqu’à maintenant, ce caractère effrayait les cercles économiques. Toutefois, si Emmanuel Macron laisse les caisses de l’état vides à la fin de son mandat, la peur d’un désordre financier déclenché par l’accession au pouvoir de l’extrême droite pourrait diminuer.
Marine Le Pen semble avoir saisi cette dynamique : elle a récemment fait paraître une tribune dans le journal Les Echos pour plaider en faveur d’une « stratégie nationale face au mur de la dette ». C’est un pari audacieux, sachant que son programme est estimé à plus de 80 milliards d’euros. Mais si Marine Le Pen se permet de donner des leçons en matière de finances publiques, c’est que la situation est préoccupante pour le gouvernement.