Suite à deux productions documentaires, Léa Todorov se lance dans la réalisation de sa première œuvre de fiction, dont l’intrigue tire son inspiration de l’enseignante visionnaire des premières années du XXe siècle.
La Nouvelle femme, dont la sortie est prévue pour le mercredi 13 mars, donne un aperçu de Maria Montessori, incarnée par Jasmine Trinca. Ce personnage se situe à la croisée du féminisme émergent et du domaine de l’éducation, secteur dans lequel elle a introduit une « méthode » qui s’est depuis implantée dans quelque 25 000 institutions à travers le monde.
C’est le premier long métrage de fiction de Léa Todorov qui met en lumière une femme complexe et multifacette. Elle choisit de la présenter par le biais de la courtisane de la Belle Époque, Leïla Bekhti.
Vers l’indépendance et l’accès à la citoyenneté
En 1900, Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne, dissimule sa fille née handicapée et décide de déménager à Rome. C’est là qu’elle croise le chemin de Maria Montessori, médecin ayant élaboré une nouvelle approche éducative destinée aux « déficients ».
Maria, à son tour, cache également un enfant né hors mariage. Trop avant-gardistes pour leur temps, Lili et Maria s’apportent un soutien mutuel pour réussir à s’imposer dans un univers majoritairement masculin.
Avec « La Nouvelle Femme », le premier film de Léa Todorov, les femmes contestataires qui étaient aux prises avec un patriarcat dominant au cours des deux premières décennies du XXe siècle, que ce soit dans les usines, le secteur tertiaire ou dans les arts, se voient attribuer une place centrale. Ces femmes réclament leur autonomie, une reconnaissance en tant que citoyennes, et sont prêtes à bousculer la société. Pour Maria Montessori, c’est l’éducation qui sera son principal combat.
En faisant découvrir la pédagogue par l’intermédiaire de regards extérieurs, plutôt que par des procédés narratifs traditionnels (voix off, témoignages), Léa Todorov crée un film qui s’éloigne des biopics traditionnels. Son choix d’une courtisane devant gérer une enfant en est une preuve.
Un choix judicieux
Lili d’Alengy, surnom qui évoque celui de Liane de Pougy, une autre courtisane célèbre de la Belle Époque, est mise en scène avec soin dans un décor et des costumes fidèles à l’époque, qui est un élément clé du récit. En face d’elle, Jasmine Trinca donne vie à une Maria Montessori discrète mais tenace, portée par une conviction qui lui permet de défendre sa mission contre toute adversité.
Les films qui traitent de l’émancipation des femmes face au patriarcat sont de plus en plus courants aujourd’hui, car ils reflètent une réalité contemporaine. Maria Montessori, avec son côté romanéïque, est un choix parfait pour ce genre de sujet. Léa Todorov montre son talent en passant du documentaire à la fiction, tout en restant dans la ligne du classicisme, en attendant de prendre plus de risques, à l’image de son modèle.
Fiche du film
Genre : Comédie
Réalisateur : Léa Todorov
Interprètes : Jasmine Trinca, Leïla Bekhti, Rafaëlle Sonneville-Caby, Agathe Bonitzer, Sébastien Pouderoux
Pays : France/Italie
Durée : 1h39
Sortie : 13 mars 2024
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : En 1900, Lili d’Alengy, connue courtisane parisienne, cache un sombre secret – sa fille Tina, née avec un handicap. Peu encline à s’occuper d’un enfant qui pourrait nuire à sa carrière, elle choisit de quitter Paris pour Rome. Elle y fait la rencontre de Maria Montessori, une femme médecin qui met au point un système d’apprentissage révolutionnaire pour les enfants dits « déficients ». Mais Maria porte aussi un secret : une enfant née hors mariage. Ensemble, ces deux femmes vont se soutenir mutuellement pour trouver leur place dans ce monde d’hommes et marquer l’histoire.