Le président de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale se trouve actuellement dans un congrès au Havre. Le sujet principal des débats se trouve être le « restrictif » budget énoncé par le chef du gouvernement pour pallier à un déficit qui est bien plus profond que ce qui était initialement envisagé. « Notre cadre de vie dans son ensemble va être sérieusement réévalué ».
Alors que le Premier ministre Gabriel Attal annonce des mesures d’austérité budgétaire, Luc Carvounas, président de l’Unccas, l’Union nationale des centres communaux d’action sociale, et le maire (PS) d’Alfortville (Val-de-Marne) fait part de ses profondes préoccupations. Il s’est exprimé sur cette question lors de son passage à France Bleu Normandie (Seine Maritime /Eure) le mercredi 27 mars, à l’occasion de la 93e réunion de l’Unccas qui se déroule au Havre jusqu’au 29 mars.
Les CCAS sont des établissements publics qui dépendent de la mairie et qui ont pour mission d’aider les populations vulnérables. Luc Carvounas espère que le domaine social ne sera pas impacté par les mesures d’austérité annoncées par le gouvernement : « L’Association des maires de France ainsi que l’Unncas ont toutes deux déclaré qu’il ne faudrait pas rogner sur le budget des communes. Combien de crises avons-nous eu à traverser depuis 2020, y compris la crise sanitaire ? », rappelle-t-il.
Selon Carvounas, le travail des CCAS est primordial et il serait préjudiciable de diminuer leur budget. « Non seulement nous nous occupons des personnes en détresse, mais nous administrons aussi 60% des résidences indépendantes en France, 11% des Ehpad, nous domiciliions dans nos CCAS des personnes qui n’ont pas de logement, nous assistons nos concitoyens face à l’inflation et aux coûts de l’énergie. Nous sommes en quelque sorte un couteau suisse », argumente Luc Carvounas.
« Nous sommes chargés des affaires humaines »
Luc Carvounas, président de l’Unccas, fait également remarquer que « tous les maires que je vois abondent et augmentent la subvention à leur CCAS car depuis 2020, nous avons des publics que nous n’avions pas à traiter de manière aussi conséquente. Des seniors qui n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois, des salariés qui n’y arrivent plus non plus avec leur famille, des jeunes étudiants ». Face à la hausse des demandes, « nous avons un public de plus en plus large, des budgets qui restent les mêmes car avec la suppression de la taxe d’habitation les maires doivent gérer un budget similaire d‘une année sur l’autre. C’est un vrai défi ».
Le maire d’Alfortville est extrêmement préoccupé par les coupes budgétaires. « Je suis très inquiet quand je vois les premières coupes budgétaires de 10 milliards qui ont été réalisées, notamment 230 millions sur la dépendance et le handicap alors qu’Élisabeth Borne, Première ministre, avait parlé quelques mois plus tôt d’une grande loi de programmation pour préparer la société à accueillir une population vieillissante », explique Luc Carvounas.
D’ici 2040, les courbes « vont se croiser », il y aura « plus de Français qui auront 65 ans et plus, que 15 ans et moins. Nous devons nous préparer à vivre dans une société où la population est vieillissante », argue Luc Carvounas.
Sans les CCAS, ce serait tout le modèle de la société française qui s’écroulerait selon lui. « Notre modèle économique, c’est qu’on n’a pas le droit de baisser le rideau, de faire faillite. Ce que nous traitons, c’est la matière humaine. Ce sont des hommes, des femmes et des familles. Si le gouvernement ne comprend pas qu’il y a une urgence à préserver ce que représente le bloc communal et que si nous devons un jour à le perdre, c’est tout notre modèle de société qui sera remis en question », conclut-il.