La directrice du long-métrage « Anatomie d’une chute », qui a récemment remporté l’Oscar du scénario original le plus marquant, estime samedi sur les ondes de France Inter qu’un mouvement progressif de libération de la parole est actuellement en train de se dérouler en France.
Justine Triet, réalisatrice française, a affirmé le samedi 16 mars sur France Inter qu’elle observe une évolution significative dans le cinéma français sous l’influence du mouvement MeToo. Toutefois, elle souligne que ce changement a été plus long à s’opérer en France par rapport à d’autres pays. Triet est convaincue de l’importance de cette libération de la parole.
Sa référence est son film à succès « Anatomie d’une chute », pour lequel elle a obtenu plusieurs prix et distinctions. Le film est salué pour son traitement post-MeToo et pour son discours puissant porté par l’acteuse Judith Godrèche.
Triet est consciente des avancées, mais insiste sur le fait que le rythme des changements reste lent. Elle rappelle qu’elle était l’unique femme nominée en tant que réalisatrice pour les Oscars cette année, face à tous les réalisateurs masculins.
« Anatomie d’une Chute » : un film marqué par l’ère post-MeToo
Selon Triet, les actrices telles que Judith Godrèche et Adèle Haenel, et d’autres femmes qui ont osé prendre la parole, ont apporté des témoignages essentiels et nécessaires pour le changement. Godrèche a accusé les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon de « viols sur mineur de moins de 15 ans » et a appelé à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les conditions de travail dans le cinéma, en particulier concernant les risques encourus par les enfants.
Triet est très vigilante quant à la gestion de son plateau de tournage. Elle souligne la forte hiérarchie qui existe dans le domaine du cinéma et l’importance pour les responsables d’être attentifs à ceux qui pourraient hésiter à s’exprimer.
Son film « Anatomie d’une Chute » a été récompensé par la Palme d’Or au Festival de Cannes, six Césars, dont celui du meilleur film et de la meilleure réalisation, et l’Oscar du meilleur scénario original le 10 mars. Le film suit le procès d’une femme accusée du meurtre de son mari. Comme Triet l’explique, le film a été écrit dans l’ère post-MeToo et est donc fortement marqué par ce mouvement. Elle mentionne que beaucoup de spectateurs ont pu s’identifier au couple représenté dans le film et à leur relation conflictuelle, ajoutant que ce genre de résonance profonde avec le public est imprévisible.