Du mercredi jusqu’au dimanche, le festival a prévu de présenter seize courts-métrages, trois longs-métrages et six documentaires avec une thématique caribéenne.
La septième édition du Festival du Film Nouveaux Regards (NRFF) est prête à débuter en Guadeloupe ce mercredi. L’événement cherche à mettre en lumière l’identité caribéenne et à faire connaître l’industrie du cinéma local. Fondée par Priscilla Delannay, ce festival d’innovation et de révélation est né d’un désir de créer des liens plus étroits avec les autres îles des Caraïbes, souvent méconnues entre elles. L’objectif de Delannay est que le festival sert de catalyseur pour découvrir et raconter l’histoire caribéenne.
Une esthétique caribéenne?
Le NRFF va présenter à son audience, du mercredi jusqu’au dimanche, seize courts-métrages, trois longs-métrages et six documentaires d’origine caribéenne. Cependant, il est important de noter que de nombreux professionnels du cinéma ne reconnaissent pas l’existence d’un « style caribéen ». Guillaume Lorin, un réalisateur guadeloupéen dont le film d’animation Vanille a été primé presque 20 fois, fait remarquer que la région des Caraïbes est un creuset extraordinaire de diverses communautés. Lorin, qui sera membre du jury cette année, voit le festival comme une opportunité de découvrir les richesses cachées de ce creuset.
« Dans les plus de 3 833 films qui s’étaient présentés, nous n’en avons retenu que 25. Il y a eu des années où tout simplement, il n’y avait aucuns longs métrages »
Priscilla Delannay, créatrice du Festival du Film Nouveaux Regardsà l’AFP
Les professionnels du domaine pointent aussi du doigt le manque d’investissement et de soutien financier, ainsi que les problèmes d’accès à des formations en écriture. Ces problèmes sont accentués en Guadeloupe malgré le soutien apporté par la Région à l’industrie cinématographique.
« L’identité caribéenne »
Néanmoins, même les films ayant reçu le plus de soutien sont confrontés à une difficulté majeure : la mise en scène et la représentation insuffisantes des populations caribéennes sur grand écran. Lorin se rappelle les préoccupations soulevées lorsqu’il a présenté pour la première fois Vanille, un film sur une jeune fille métisse passant ses vacances en Guadeloupe. Les inquiétudes étaient centrées sur la capacité du public français à se connecter à l’histoire de cette enfant métisse.
« Nos films contiennent souvent des scènes d’un individu qui court sans direction apparente. Depuis toutes ces années, j’en ai déduit que nous courons à la recherche de notre identité, de notre reflet. Qui sommes-nous, nous les Antillais? »
Tony Coco-Viloin, réalisateurà l’AFP
Les plateformes comme Netflix ont tendance à être plus populaires que les films caribéens, souligne Coco-Viloin, faisant référence à une étude de 2016 qui place la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane parmi les régions ayant le catalogue Netflix le plus étoffé après celui des Etats-Unis.
Jean-Marc Césaire, fondateur de Ciné-Woulé qui organise des projections de films en Guadeloupe, confirme cette préférence des blockbusters américains au détriment des films d’art en version originale. En outre, sur tout le territoire, il n’y a qu’un multicomplexe en Grande-Terre, un cinéma à Basse-Terre qui vient de rouvrir récemment, et deux ciné-théâtres, ce qui témoigne d’une offre cinématographique restreinte.
De plus, la logistique locale présente aussi des défis pour le NRFF, qui a du mal à trouver des lieux pouvant accueillir les projections. Selon Delannay, le festival a besoin d’espaces où les professionnels peuvent interagir, échanger et collaborer, pour pouvoir produire encore plus de films.