L’Oscar du meilleur film est le trophée le plus convoité d’Hollywood et il est nécessaire d’être à la hauteur pour l’obtenir. Dix films sont en compétition pour cette grande récompense, en comparaison des cinq propositions pour le reste des catégories, ce qui témoigne de la compétition féroce. Un aperçu des prétendants révèle la présence des chefs-d’œuvre de Martin Scorsese, Christopher Nolan, Jonathan Glazer, Alexander Payne et Justine Triet.
Des thèmes variés et engagés sont mis en lumière cette année pour la cérémonie des Oscars, du déni racial au génocide juif, en passant par la destinée d’une célèbre poupée ou le réveil d’un mort aux désirs prompts. Si vous n’êtes pas au courant, voici une occasion de découvrir les dix films en compétition pour le précieux trophée.
« American Fiction » signé Cord Jefferson
C’est une comédie pleine de pétillant qui dépeint le racisme insidieux parmi les progressistes influents. Jeffrey Wright endosse le rôle d’un écrivain noir américain lassé par l’industrie de l’édition monopolisée par une bourgeoisie blanche qui cherche à réduire l’expérience noire à celle des quartiers défavorisés, aux drogues et aux prisons. D’où son choix cynique de produire une parodie de cette image sous pseudonyme, une parodie qui connaît un succès inattendu…
Ce film qui égratigne les stéréotypes est accessible depuis le 26 février 2024 sur Amazon Prime Video. Il a été primé au Festival du film de Toronto. Jeffrey Wright est en lice pour l’Oscar du meilleur acteur et Sterling K. Brown pour l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle.
(Version originale avec sous-titres anglais)
« Anatomie d’une chute » réalisé par Justine Triet
Lauréat de la Palme d’or à Cannes, Anatomie d’une chute, est un thriller portant sur le naufrage d’un couple d’artistes tourmentés, où une auteure se retrouve soudain accusée d’avoir tué son mari. Le film a été très bien accueilli aux États-Unis, remportant notamment deux Golden Globes. En nomination dans cinq catégories (dont meilleur réalisateur et meilleure actrice), le film de Justine Triet est en bonne position pour remporter l’Oscar du meilleur scénario original grâce à une campagne de promotion inventive avec Messi, le chien, comme mascotte.
Sera-t-il le troisième film primé à Cannes à recevoir l’Oscar du meilleur film, comme le film sud-coréen Parasite ? Le suspense reste intact.
« Barbie » par Greta Gerwig
La nomination de Barbie est en elle-même une reconnaissance de l’impact culturel du film sur l’Académie des Oscars. Cette satire féministe réalisée par Greta Gerwig a attiré un grand nombre de spectateurs, tous habillés de rose dans les salles de cinéma, et a récolté la somme impressionnante de 1,4 milliard de dollars au box-office mondial. Aucun autre film, même Oppenheimer, sorti le même jour, n’a suscité autant d’attention que Barbie, en grande partie grâce à une campagne marketing très soutenue.
Le film peut-il vraiment gagner le grand prix, alors que sa réalisatrice et l’actrice principale, Margot Robbie, sont absentes des nominations? Il semble plutôt en course pour des prix plus ciblés, tels que meilleurs costumes ou meilleure chanson.
« Winter Break » d’Alexander Payne
Winter Break, une histoire touchante autour de Noël, raconte l’amitié improbable entre trois individus meurtris qui se retrouvent pour le réveillon de Noël dans un internat dans le nord-est des États-Unis des années 1970. Paul Giamatti y joue le rôle d’un professeur d’histoire psychorigide dont l’attitude pédante cache une blessure intime. Sa performance est si émouvante qu’elle pourrait lui valoir l’Oscar du meilleur acteur. À ses côtés, Da’Vine Joy Randolph est très convaincante dans le rôle d’une cuisinière afro-américaine en deuil de son fils, mort au Vietnam. Le prix du meilleur second rôle féminin semble à sa portée.
Cette comédie d’Alexander Payne pleine de subtilités semble être le film le mieux placé pour détrôner le favori, Oppenheimer. Cependant, la tâche ne sera pas facile…
« Killers of the Flower Moon » de Martin Scorsese
Malgré sa durée de trois heures et demie, Killers of the Flower Moon, l’épopée historique de Martin Scorsese relatif à l’assassinat des Amérindiens dans l’Oklahoma des années 1920, est trop esthétiquement époustouflante et historiquement pertinente pour être laissée pour compte. Au-delà de Leonardo DiCaprio et Robert De Niro, c’est Lily Gladstone qui se distingue, incarnant une autochtone devenue riche grâce au pétrole sur ses terres, mais victime d’une relation sentimentale toxique.
Ce rôle pourrait lui offrir l’Oscar de la meilleure actrice.
« Maestro » orchestré par Bradley Cooper
Plusieurs fois nominé mais jamais lauréat, Bradley Cooper espère enfin obtenir une récompense avec Maestro.. Pour ce biopic du célèbre chef d’orchestre Leonard Bernstein, il est à la fois devant et derrière la caméra, une performance qui lui a valu sept nominations.
Le film a de fortes chances de repartir avec l’Oscar du meilleur maquillage, en dépit de la polémique qui a entouré sa sortie : le nez prothétique porté par l’acteur a été accused de véhiculer des stéréotypes antisémites, conduisant les enfants du compositeur à monter au créneau pour le défendre.
« Oppenheimer » de Christopher Nolan
Oppenheimer est un des films les plus remarqués de l’année, arrive aux Oscars avec une solide réputation de favori. Ce biopic du père de la bombe atomique, réalisé par Christopher Nolan, a généré un milliard de dollars de recettes et a remporté presque tous les prix hollywoodiens de la saison.
Si le film n’est pas récompensé dimanche, ça serait la surprise majeure depuis 2017, lorsque La La Land a été annoncé à tort comme le meilleur film, au lieu de Moonlight.
« Past Lives – Nos vies d’avant » de Celine Song
Past Lives – Nos vies d’avant est certainement le film le moins susceptible de gagner, mais il a néanmoins réussi à toucher profondément le public du festival de Sundance. Réalisé par Céline Song, ce drame raconte l’histoire de deux âmes soeurs coréennes, qui se retrouvent à New York après avoir été séparées pendant plusieurs années par les aléas de la vie. Le film offre une réflexion puissante sur le destin et les incidents de parcours qui façonnent une vie.
« Pauvres créatures » sous la direction de Yorgos Lanthimos
Couronné à la Mostra de Venise, Pauvres créatures signé Yórgos Lánthimos offre une esthétique singulière. Emma Stone joue un monstre de Frankenstein féminin : un cadavre réanimé avec l’esprit d’une enfant, dont les désirs insatiables l’entraînent à travers l’Europe du 19e siècle dans un univers rétrofuturiste. Sa quête d’émancipation se heurte constamment à la misogynie ambiante.
Cette comédie féministe absurde et amusante est la deuxième collaboration entre Yórgos Lánthimos et Emma Stone, après La Favorite. Elle pourrait lui permettre d’obtenir son deuxième Oscar de la meilleure actrice, après celui obtenu pour La La Land.
« La Zone d’intérêt » de Jonathan Glazer
Ce film rend palpable l’atrocité de l’Holocauste sans pour autant la montrer. Jonathan Glazer a fait le choix audacieux de dépeindre la vie quotidienne d’une famille de nazis dirigée par le commandant du camp d’Auschwitz. Installée de l’autre côté du mur dans une maison avec piscine et jardin magnifiques, la famille vit une vie ordinaire, parfaitement indifférente aux cris de terreur qui s’échappent derrière les barbelés.
Récipiendaire du Grand Prix du Festival de Cannes, La Zone d’intérêt est une démonstration brillante sur la banalité du mal et est fortement pressenti pour l’Oscar du meilleur film international.