L’idée de la Chine déployant ses propres forces de l’ordre dans une nation européenne peut sembler irréaliste, pourtant c’est exactement ce qui se passe, et la Hongrie est à la pointe de ce mouvement. Viktor Orban, dans sa volonté d’accentuer ses liens avec la superpuissance asiatique, prête son consentement à cette initiative.
Si vous vous promenez dans les environs des quartiers touristiques de Budapest, n’ayez pas l’étonnement de voir des policiers chinois en tenue de service. Cette disposition a été subtilement inclus dans un accord de sécurité mutuelle que la Hongrie et la Chine ont signé lors de la visite du ministre chinois de la Sécurité en février dernier. Wang Xiaohong a d’ailleurs désigné ce protocole comme un « nouvel apogée » dans les relations sino-hongroises.
🚨 ALERTE 🚨
La #Hongrie envisage d’accueillir des forces de l’ordre chinoises pour des patrouilles sur son sol.
Ce choix pourrait créer des tensions au sein de l’#Europe et en particulier à #Bruxelles qui ne voit guère l’éventuel bénéfice de cette présence chinoise dans #UE.
Alors… pic.twitter.com/7SB2IkwsH3
— BRICS News FR (@BRICSNewsFR) March 10, 2024
Ce projet est rapporté par Die Welt, un quotidien allemand. Pour l’instant le ministère de l’Intérieur hongrois s’est contenté de confirmer cette information, sans pour autant préciser où et quand ces patrouilles pourraient être instaurées. Probablement dans le but de rassurer les touristes chinois de plus en plus nombreux à visiter le pays.
Ce type de collaboration n’est pas inédit en Europe. En effet, des patrouilles de policiers italiens et chinois ont circulé conjointement entre 2015 et 2019, à Rome, Milan et Turin. Cependant, l’Italie a mis fin à ce dispositif, officiellement pour des raisons liées au Covid. Mais en réalité, c’est parce que l’existence des commissariats secrets a commencé à être soupçonnée. Au service de Pékin et sous couvert d’assister les ressortissants chinois dans leurs démarches administratives, ces postes avancés avaient pour véritable objectif de les surveiller et d’exercer une pression sur les opposants en exil.
La Hongrie face aux « Nouvelles Routes de la Soie »
Des commissariats chinois clandestins ont été découverts en Italie, aux Pays-Bas, en France… et en Hongrie. À l’époque, Budapest n’a pas semblé aussi choqué que les autres pays, montrant une indifférence face à la possibilité d’une infiltration par la Chine. Mais bientôt, la Chine, dictature la plus puissante de la planète, pourrait — en ayant accès à des dissidents chinois vivant en Hongrie, un pays de l’Union européenne — accentuer sa répression à l’étranger. Cette situation suscite l’inquiétude des ONG de défense des droits de l’homme.
La Hongrie semble chercher à se rapprocher de la Chine, principalement pour des raisons économiques. Tandis que les pays européens tentent de réduire leur dépendance à la deuxième plus grande économie du monde, Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, souhaite renforcer ses liens avec elle. La Hongrie a été le premier pays de l’Union européenne à adhérer à l’initiative chinoise des « Nouvelles routes de la soie », un projet par lequel la Chine aspire à accroître son influence à travers des investissements à l’étranger. Au contraire, l’Italie s’est retirée de ce projet. Viktor Orbán a été le seul dirigeant de l’UE à participer à une conférence sur ce projet à Pékin l’automne dernier. Il tente de jouer un rôle de pont entre la Chine et l’Occident, et cela dans l’espoir de tirer profit des avantages et de l’influence acquise.
La Hongrie, futur centre de l’automobile électrique
La Chine est récemment devenue le principal investisseur étranger en Hongrie et ce pays, qui porte un intérêt particulier au secteur de l’automobile depuis longtemps, est en passe de devenir le centre de production de voitures électriques en Europe. La marque chinoise BYD, qui surpasse désormais Tesla, prévoit d’y établir sa plus grande usine européenne et envisage la création de mille emplois. Des fabricants de batteries chinois ont également annoncé des plans d’investissement importants.
La Hongrie compte également sur le groupe de télécommunications chinois Huawei, perçu aux États-Unis comme un danger pour la sécurité, y compris en matière d’espionnage économique potentiel.
Viktor Orban, un allié pour Pékin
Sur le plan diplomatique, « l’ami de Pékin », comme l’a appelé Xi Jinping lors de leur récente rencontre, comprend que son inclination favorable à la Chine va être mal reçue à Bruxelles et à Washington. Tout comme son soutien au président russe Vladimir Poutine qui n’est pas du goût des pays occidentaux.
L’autocrate, qui cherche des appuis internationaux, est convaincu que l’avenir de la Hongrie se trouve à l’Est, et qu’il est dans son meilleur intérêt de renforcer ses relations avec la Chine. Ainsi, Budapest a toujours refusé de soutenir les résolutions européennes condamnant la Chine pour ses atteintes aux droits de l’homme, une position qui profite à Pékin.
Le déploiement de policiers chinois en Hongrie est un autre geste de loyauté qui profitera à Viktor Orban : le président chinois pourrait officiellement visiter la Hongrie pour la première fois cette année.