Isolée et face à une montée d’agressions orchestrées par des bandes criminelles, la communauté d’expatriés en Haïti accueille favorablement l’annonce, faite lundi, du départ du Chef du gouvernement.
« Le Cabinet ministériel a donné son aval pour l’établissement d’un Conseil présidentiel provisoire. Le gouvernement que je préside cédera ses fonctions aussitôt ce Conseil instauré ». C’est par cette déclaration, prononcée dans une vidéo diffusée le lundi 11 mars, que Ariel Henry, le Premier ministre d’Haïti, a annoncé son départ, trois ans après avoir pris les rênes du pays. Son éviction a eu lieu sous la contrainte de différents groupes armés, qui menaçaient de plonger le pays dans un chaos sanguinaire s’il restait en place.
« Il n’a eu aucun geste pour nous. Les habitants décèdent et lui faisait la sourde oreille, déplore Yanika, une marchande haïtienne rencontrée en République dominicaine. Il manque de routes, d’eau, d’électricité, de nourriture. Ariel Henry est un pillard, les États-Unis doivent l’accueillir chez eux. » Sur proposition des États-unis, l’ancien Premier ministre réside depuis lundi à Porto Rico, où il prétend continuer de gérer les affaires courantes.
« Le peuple endure de grandes souffrances »
« Je suis très, très, très heureux, s’enthousiasme Jean, venu de la ville des Gonaïves et en route pour les États-Unis. Avec lui, il n’y avait pas d’espoir de voir la France, le Canada, les États-Unis prendre conscience de la situation que les Haïtiens traversent actuellement. Le peuple endure de grandes souffrances. C’est un nouveau départ. » Un nouveau départ qui doit passer par un Conseil de transition. L’annonce a été faite par la Communauté des Caraïbes (Caricom) lundi, lors d’une réunion d’urgence en Jamaïque avec des représentants de l’ONU, des États-Unis et de la France notamment.
Ce Conseil sera constitué de représentants de plusieurs forces politiques du pays selon le président du Guyana. Il aura pour rôle d’organiser des élections générales dans un pays qui n’en connaît plus depuis 2016. Le pays n’a plus de président, ni de parlement depuis l’assassinat de Jovenel Moïse en juillet 2021. Le rétablissement d’un ordre politique passera par une reprise en main du pays, occupé essentiellement par plusieurs gangs, qui contrôlent notamment l’aéroport international et le port de Port-au-Prince.
L’envoi d’une force de police multinationale dirigée par le Kenya a été approuvé par l’ONU en octobre 2023. « Dans la situation actuelle du pays, un peu de renfort peut être une chose positive, estime Samuel, natif du Cap haïtien. Récemment, plus de 3 000 détenus se sont échappés. Je pense que la police nationale d’Haïti n’a pas un effectif suffisant pour lutter contre ces individus. » Le Kenya, cependant, a décidé de mettre en suspend l’envoi de policiers, suite à l’annonce de la démission du Premier ministre. Les États-Unis ont réagi, en se disant « confiants » sur la poursuite de la mission, une fois le gouvernement de transition constitué.