A environ soixante jours du scrutin européen, le chef de file du Rassemblement National a accepté de se soumettre à un grand entretien face à des chefs d’entreprise, à la demande de la CPME. Toutefois, l’accueil qui lui a été réservé fut assez ambigu.
Invitation de Jordan Bardella auprès des chefs de PME
Jordan Bardella, la figure de proue du Rassemblement national et le candidat leader des élections européennes, a été convié le mercredi 20 mars à un rendez-vous avec les dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME). L’invitation a été lancée par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Bardella, revêtu de son costume-cravate, a exprimé son engagement à convaincre la centaine de présidents d’entreprises qui se trouvaient devant lui.
En s’adressant à François Asselin, le président du syndicat patronal, Bardella a déclaré : « Je vous remercie, Monsieur le Président, de m’avoir invité alors que vous avez affirmé récemment dans Le Figaro que je n’étais pas compétent en matière économique. J’espère vous prouver le contraire ». Il a ensuite présenté ses propositions destinées aux PME.
Scepticisme parmi les dirigeants d’entreprise
Dans le cadre de ses mesures, Bardella a notamment suggéré l’idée d’augmenter les bas salaires jusqu’à 10% sans aucune charge supplémentaire. François Asselin, le président de la CPME, s’est vite montré sceptique à ce propos. Il a demandé : « Votre proposition ne serait-elle pas quelque peu démagogique ? N’y a-t-il pas un risque qu’elle impacte notre compétitivité tout en créant des illusions pour nos employés, dans la mesure où les prix pourraient immédiatement grimper de 10% »?
Par ailleurs, Bardella a fait une erreur évidente lorsqu’il a suggéré un laps de temps avant la hausse des charges et des obligations, lorsque la taille d’une entreprise dépasse le seuil des 50 employés. « À propos des plafonds, je suggérais un délai de sursis de trois ans », a commencé Bardella, avant d’être interrompu par le président de la CPME : « Excusez-moi, Monsieur Bardella, mais nous avons déjà un délai de cinq ans en France ». Cet échange a créé une atmosphère quelque peu gênante dans la salle.
Le président de la CPME remet Jordan Bardella à sa place
– J. Bardella : « si nous parvenons au pouvoir, nous accorderons un délai de trois ans aux PME qui franchissent le seuil des 50 employés »
– @AsselinFasselin : « excusez-moi Monsieur Bardella, mais ce délai est déjà de cinq ans en France » pic.twitter.com/eCTgcNCdVA
— Laurent SEGNIS (@LaurentSegnis) 21 mars 2024
En conclusion de cet échange, la majorité des dirigeants d’entreprises se sont montrés dubitatifs. Carole, une présidente, a nettement déclaré : « Il n’est pas crédible. Il s’est montré vague, sans apporter des solutions concrètes pour l’économie ». Un autre président a noté : « On a bien ressenti sa volonté de modérer leur discours ces dernières années, en mettant de côté le retrait de l’euro et de l’Europe. Cela ne signifie pas pour autant qu’il est devenu crédible. Son discours semblait stéréotypé. Ce que nous attendons, c’est qu’il se penche davantage sur nos préoccupations ».
Il reste encore du chemin à faire pour le Rassemblement national afin de gagner en crédibilité. Cependant, Bardella et Marine Le Pen sont très actifs et multiplient les rencontres avec les acteurs économiques. Leurs proches attestent que de plus en plus de dirigeants d’entreprises de grande envergure cherchent à les rencontrer pour déjeuner, loin des projecteurs des médias.